Surnommé « l’homme qui répare les femmes », docteur Denis Mukwege a reçu de nombreuses distinctions pour son engagement contre les mutilations génitales pratiquées sur les femmes en RDC, dont le prix Sakharov en 2014 et le tout dernier prix Nobel de la paix en 2018. Seulement voilà, si nous étions dans une société « normale », tous ces prix ne lui auraient peut-être pas été décernés.
Le jour où son Prix Nobel de la paix a été annoncé, le docteur Mukwege n’était pas à Oslo en Norvège pour le recevoir. Il était plutôt dans le bloc opératoire de son hôpital de Panzi au Sud-Kivu sans doute en train de « réparer » une autre femme. C’est là qu’il a appris la nouvelle, entouré de ces « femmes réparées » qui n’ont pas tardé à danser au rythme des « bikele kele » en honneur à leur héros.
En réalité, ce prix ne révèle pas seulement un homme au parcours héroïque qui a bravé guerres et attaques ciblées pour son engagement inébranlable en faveur de la femme, mais il révèle aussi une société minée par des records de violences faites sur la femme. Et pour moi, c’est cela la honte de ce Prix Nobel. Non pas la honte du docteur Mukwege, mais celle de toute notre société ! Une société où les hommes ont violé plus de 500 000 femmes en 19 ans et un seul homme en a « réparé » plus de 40 000.
Ces crimes sexuels portent les marques de la guerre. En plus de violer ces femmes, les bourreaux introduisent des objets tranchants de tout genre dans l’appareil génital des victimes. Le docteur Mukwege raconte cela dans ses multiples interviews. La première victime qu’il a traitée était une femme à qui on avait introduit une arme dans l’appareil génital, et on lui a tiré une balle, lui détruisant les cuisses et le bassin. À l’époque, le docteur croyait être devant un simple cas isolé, mais chaque jour il en est arrivé, jusqu’à en recevoir des milliers. Il y a encore le cas de cette petite fille de 21 mois, violée… Je n’en finirais pas s’il fallait tout citer.
La honte derrière le prix
Ainsi, si ce prix Nobel est un honneur pour Mukwege et pour la nation, il reste quand même une honte pour le gouvernement qui n’a pas su empêcher les crimes commis sur les femmes sur son territoire. Pire encore, un gouvernement qui entretient des relations hostiles contre l’homme qui jusque-là se bat seul pour limiter les dégâts des atrocités sexuelles que l’État n’a pas su éviter à sa population. C’est également une honte pour notre armée qui malheureusement, figure au banc des accusés après avoir participé elle-même aux atrocités contre ces femmes réparées par Mukwege. C’est enfin une honte pour les civils, car ces derniers aussi s’invitent à la « fête macabre ». Je pense par exemple à ce jeune vivant à Kinshasa, loin des zones de guerre et qui m’a dit : « Certaines femmes sont responsables de leurs viols. C’est à cause de leurs habillements trop osés qu’elles sont violées ! » Cela m’étonne ! Sommes-nous là en train de faire du viol une culture tolérable ou justifiable ?
Si tous ces viols commis tant par l’armée, la population que les groupes armés n’existaient pas, le travail de Mukwege serait celui d’un simple gynécologue inconnu et perdu dans les montagnes du Kivu. C’est donc sur la honte de notre société que Mukwege a su bâtir sa gloire, celle d’un héros qui redonne espoir aux femmes.
« Violer déjà une femme, c’est très grave ! Mais, vous vous imaginez, la violer, ensuite la mutiler et introduire n’importe quoi dans son appareil génital, c’est tout simplement démoniaque », a déclaré le Prix Nobel Mukwege.
Vous pouvez lire aussi : Enfin le Prix Nobel de la paix pour le docteur Mukwege
C’ est tjs dans le temps difficiles que ns parvenons à identifier les personnes fortes, car c’est à cause des Belges que ns avons su Lumumba, c’est à cause du M23 que ns avons su Mamadou, et c’est à cause des violences avancées au Kivu que le monde vient découvrir la force de Dr Mukwege. C’ est juste une honte pour la nation congolaise, battre un record dans les affaires de violences!!!! Ohhhhh Congo ! Ohhhhh Afrique !!!!! Où va le monde ?