Des raisons qui empêchent Kabila de quitter le pouvoir

En janvier 2001, lorsque le jeune Kabila Kabange Joseph accédait au pouvoir, il avait l’air totalement innocent et inoffensif. Tout le monde a cru à l’époque que ce jeune général de brigade n’était là que pour mettre de l’ordre dans la boutique après la mort de son père, et qu’il allait rendre le pouvoir aux civils au bout d’un an ou deux. Or, l’appétit vient en mangeant. Joseph Kabila semble s’être installé au Palais de la nation « pour toujours », ou alors pour longtemps. Voici à mon avis quelques raisons qui l’empêchent de quitter le pouvoir.

L’honneur du poste de président

Il y a en politique des titres que beaucoup de chefs d’États n’osent jamais accepter de porter. Exemple : « Ex ou ancien président ». Qu’un jour, du vivant de l’actuel président congolais, on dise : « L’ex-président Joseph Kabila », je crois que ce serait un miracle ! Il y en a qui pensent que ce sera le cas en janvier 2019 ! Pour moi, ils rêvent. Ils oublient que l’homme est le roi du glissement et qu’il n’a pas encore fini de nous faire glisser. Je ne vois pas Kabila accepter, de son vivant, que des titres honorifiques tels que « Raïs », « shikata », « Excellence », « Wumela » soient portés par quelqu’un d’autre. À moins d’un miracle.

Les vengeances

Les vengeances, c’est ce que craignent beaucoup de chefs d’États qui se reprochent quelque chose. Beaucoup craignent qu’une fois sans pouvoir, leurs successeurs ne les poursuivent pour des crimes commis au cours de leur règne. Imaginez des opposants comme Djomi Ndongala, Fanck Djongo, Katumbi ou Muyambo arriver au pouvoir après toutes les persécutions dont ils ont été victimes de la part de Kabila. La tendance à se venger sera de 99 %. On utilisera la même police, la même armée et la même justice pour faire à Kabila ce qu’il a fait aux autres quand il était président. Des apparatchiks comme Mende, Atundu Lyongo, Kanyama, Kalev Mutond et les autres auront beaucoup de mal à dire un mot dans ce pays si Kabila n’est plus président. Voilà pourquoi il faut gérer le pays de manière qu’une fois redevenu simple citoyen, vous n’ayez de problème avec personne, comme l’ont fait Mandela, Senghor, etc. Hélas, Kabila a choisi de diriger comme Compaoré, Gbagbo, Mugabe et Nkurunziza !

Les richesses amassées

Les richesses accumulées pendant le règne ne peuvent être en sécurité que quand on est au pouvoir. On attribue à Kabila – à tort ou à raison – une fortune personnelle d’environ 15 milliards de dollars. Il y a aussi sa main mise ou celle de ses proches sur les richesses minières et les sociétés du Congo. Tous ces avantages voleront en fumée s’il perd le pouvoir. Ainsi le seul reflexe ne peut être que de s’accrocher. Je donne parfois raison à celui qui a dit que « la meilleure position en politique c’est d’être opposant ».

Sénateur à vie

La Constitution de la RDC prévoit que tout ancien président est d’office sénateur à vie. Je ne m’imagine pas un seul instant le Raïs siéger au Sénat pour être dirigé par un simple président du Sénat. Et même s’il acceptait, je ne le vois pas bouger ou lever la main lors des votes, quand le perchoir demandera « Qui sont pour ? », « Qui sont contre ? », « Les abstentions ? » Connaissant son calme habituel, je pense qu’il ne répondra pas.

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