En cette période de bilan annuel, la République démocrate du Congo hypnotise par ses pratiques politiciennes caricaturales. Faut-il en rire pour ne pas en pleurer ?
Nul doute que si Nicolas Machiavel n’avait pas été un Florentin du XVe siècle, il aurait été un Congolais du XXIe. Le théoricien du « machiavélisme » aurait pu trouver en République démocratique du Congo les ressorts de sa fameuse conception politicienne : conquête et conservation du pouvoir par tous les moyens, manipulation à fortes doses de mauvaise foi et de trahison, déficit d’états d’âmes des gouvernants ou encore confusion entre les leviers politiques et économiques.
RDC : une République très très « démocratique » ?
Ce n’est sans doute pas un hasard si l’humoriste panafricain Mamane a choisi de qualifier sa république bananière imaginaire du Gondwana de « très très démocratique », tant la vertu républicaine affichée avec ostentation est louche par essence. L’ex-Zaïre est d’ailleurs « doté » des plus sombres ressorts d’une histoire contemporaine chaotique : les spectres d’un colonisateur ubuesque –Léopold II, le bourreau aux 10 millions de victimes– et d’un autocrate local bouffon –Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga– ou encore les richesses d’un «scandale géologique» de nature à susciter toutes sortes d’appétits illégitimes, notamment depuis l’extérieur des frontières.
En 2020, la République démocratique du Congo n’a pas déçu les… désespoirs des observateurs, avec en point d’orgue un feuilleton rocambolesque qui pourrait s’intituler « A la recherche de la majorité perdue ». Ce sont de tristes spectacles auxquels ont été conviés des citoyens qui n’y voient que patinage, dérapage ou rétropédalage. La fin de disgrâce spectaculaire de l’influent Vital Kamerhe, condamné à 20 ans de prison pour détournement ; les scènes de ménage de la coalition FCC-Cach et son lot de pugilats législatifs ; la bonhommie burlesque de l’ambassadeur américain Mike « Nzita » Hammer et son « poulet mayo » ; la polémique dérisoire de drapeaux d’une « République du Kivu » fictive ou encore les accusations d’extorsion d’Access Bank contre l’agence anticorruption…
La politique congolaise : un cas d’école
Nul doute, donc, que la vie politique congolaise pourrait être étudiée dans les meilleures écoles de sciences politiques. Mais au-delà de cette fascination intellectuelle qui ne fait rire que ceux qui ne vivent pas les réalités de la RDC, que peut en espérer le citoyen blasé ? En attendant de savoir qui et comment gouvernera avec qui et comment, la sempiternelle dilapidation des richesses et les tergiversations politiciennes récurrentes ne résoudront pas, en 2021, le diabolique tissage entre insécurité et failles sanitaires.
La bonne nouvelle viendra-t-elle d’un chef d’Etat « marionnette » enfin devenue machiavel en chef ? Alors, Fatshi, elle commence quand la RDC nouvelle ?
Très belle analyse
Blasé comme vous le dites, comment ne pas y finir avec ces politiqueux aux discours consubstantiels à de la démagogie et à de la désinvolture qui confine à de l’impertinence ?