Il y a des dates dont on est sûr et d’autres qui restent floues. Ce 30 juin 2017, la RDC commémorera ses 57 ans d’indépendance. Anniversaire qui tombe à point nommé pour le président Kabila qui, même s’il n’était pas né en 1960, entend bien, ces derniers jours, surexploiter le mot « indépendance ».
Le président congolais tient non seulement à affirmer l’autonomie de son pays vis-à-vis du colon belge, mais aussi sa souveraineté vis-à-vis de toutes les puissances occidentales qui veulent s’ingérer dans la gouvernance congolaise, notamment dans les enquêtes sur les violences aux Kasaï et dans le processus électoral.
L’anniversaire du « cha-cha »
Sur ce dernier point, l’anniversaire du “cha-cha” offre au régime l’écho d’un discours de fierté autogérée, mais aussi des perspectives de distraction. « Distraction », dans tous les sens du terme, les festivités –comme les deuils nationaux– aidant à détourner l’attention du corps électoral. Ici, on organise la première édition de Miss traditionnelle Congo, présentée comme une « sensibilisation des jeunes Congolais contre l’inféodation aux mœurs étrangères ». Là, on programme un gala de matchs de football, avec notamment d’anciens Léopards du Zaïre et les inusables musiciens de Zaïko Langa-Langa.
« Je n’ai rien promis du tout »
Tant qu’on bave devant des silhouettes affriolantes ou qu’on se trémousse devant des orchestres, on ne pense plus aux élections. Mais Joseph Kabila prend-il vraiment ses compatriotes par surprise ? Le 3 juin dernier, dans une interview au magazine allemand Der Spiegel, il déclarait : « Je n’ai rien promis du tout. J’aimerais que les élections se déroulent le plus tôt possible, mais nous voulons des élections parfaites ». Et d’enfoncer le clou, ces derniers jours, en Afrique du Sud, lorsqu’il sous-entendait qu’il n’y avait pas le feu dans la maison, il a dit : « Le dialogue est permanent ». Pas de date fixée pour la présidentielle, ni de position personnelle quant à l’éventuelle candidature du président sortant.
Si la Constitution actuelle définit son ultime mandat comme achevé depuis des mois, Joseph Kabila déclarait au Spiegel que « changer la Constitution est constitutionnel », bien qu’aucune modification ne soit encore programmée. En attendant, trinquons à l’indépendance…