La journée du lundi 31 juillet s’annonçait comme une journée de tous les dangers en raison de l’appel à des marches pacifiques lancé dans tout le pays par le mouvement citoyen Lucha et les organisations de la société civile. Le moins que l’on puisse dire est que la Lucha a montré de quoi elle est capable car son mot d’ordre a été suivi.
De Kinshasa à Goma, Bukavu, passant par Lubumbashi, Kananga Kisangani et Butembo, les manifestants se sont heurtés à l’impitoyable répression des forces de sécurité. Habari RDC vous fait ici un résumé de cette journée riche en affrontements de toutes sortes.
Les arrestations dans presque toutes les villes
À Goma, la journaliste et blogueuse de Habari RDC, Ley Uwera a fait les frais des mesures sécuritaires mises en place ce lundi contre la marche de la Lucha. Elle a été arrêtée et son matériel de reportage saisi par des agents de l’Agence nationale du renseignement (ANR), alors qu’elle couvrait la manifestation.
#RDC mon matériel vient d’âtre ravi par l’ANR. Deux autres journalistes arrêtés #RFi swahili et un de la presse locale
— Ley Uwera (@Ley_Uwera) 31 juillet 2017
Silence, on réprime !
La répression devrait peut-être faire l’objet d’un vade-mecum du journaliste congolais. Quand on couvre une manifestation en RDC, on doit s’attendre à tout. Que l’on soit simple témoin, blogueur ou journaliste, on risque gros. Beaucoup ont été accusés de trouble à l’ordre public au même titre que les militants de la Lucha qui réclament la publication du calendrier électoral.
C’est en se rendant à son lieu de travail que notre blogueur Merveilles-Charles Kakule de Butembo a été brutalisé par un groupe d’agents de l’ordre qui l’ont pris pour un membre de Lucha.
« Un policier m’a vu avec mon smartphone et m’a ordonné de le lui remettre. Selon lui, je suis un militant de la Lucha. Il m’a accusé d’être là pour filmer ce qui se passe et le répandre sur Internet. Pourtant, je n’étais pas venu couvrir la marche. J’avais un autre rendez-vous. Il y avait dans la ville une activité en rapport avec les changements climatiques, c’est à cette activité que je me préparais à me rendre », raconte le blogueur.
De son côté le jeune photographe de Goma, Charly Kasereka a été contraint, tout comme d’autres confrères, de vider la mémoire de son appareil de tout son contenu. Témoignage de Charly Kasereka : « Dans la matinée cinq membres du mouvement citoyen Lucha sont entrés dans les locaux de la CENI pour prendre langue avec les responsables de cette institution. Ils y ont été sortis manu militari sous les ordres du numéro un de l’ANR. En même temps, tous les journalistes présents sur le lieu ont été priés d’effacer tout ce que contenaient les cartes mémoires de leurs appareils. »
Témoins d’une série d’interpellations de militants
Si aucun de nos blogueurs n’a passé la nuit au poste de police, de jeunes militants de la Lucha et même quelques leaders de la société civile ont été mis aux arrêts, tandis qu’un nuage de gaz lacrymogènes étouffait l’air.
« La marche avait pacifiquement débuté devant la chapelle Régina Mundi du collège Imara à Lubumbashi. La police venue brusquement sur le lieu a dispersé la foule. Sept personnes ont été arrêtées et acheminées aux services spéciaux de la police. Au nombre des interpellés, il y avait Maître Timothée Mbuya, responsable de Justicia Asbl, impliquée dans la promotion des droits humains, » témoigne Fidèle Bwirhonde, journaliste et blogueur de Lubumbashi
A Kinshasa, notre blogueur Jean Hilaire Shotsha a dénombré pas moins de sept arrestations de militants et autant de journalistes. Toute la journée, il faisait régulièrement le point sur son compte Twitter sur l’évolution de la situation. La marche de Kinshasa a été dispersée vers 10 h le matin sur le Boulevard triomphal.