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Il ne suffit pas de rétablir Internet, il faut dédommager la population

Confisquer Internet en RDC pendant 20 jours, puis le rétablir en secret sans dédommager la population, c’est ni plus ni moins qu’une vaste escroquerie d’État en complicité avec les maisons de télécommunications. À quoi puis-je comparer ce gouvernement qui prend plaisir à priver sa population d’un droit légitime de communiquer, et vient ensuite le lui accorder comme un cadeau de nouvel an ?  

Internet a été rétabli en République démocratique du Congo la nuit de samedi à dimanche 20 janvier. Devons-nous dire merci au gouvernement pour autant ? En tout cas, pas moi ! Ce n’est pas un cadeau qu’il nous offre, c’est notre droit. En plus, un Internet de mauvaise qualité !

Se réjouir du rétablissement d’un droit violé ?

Je ne sais pas s’il existe encore dans le monde civilisé un pays moderne où les citoyens se réjouissent encore du retour d’un Internet que quelqu’un coupe et rétablit par sa volonté. En tout cas, cela ne peut être possible que dans un pays où le peuple est colonisé, chosifié. En RDC, les Congolais se sont réjouis comme d’habitude. D’une manière ou d’une autre, on ne pouvait que se réjouir. On n’avait pas le choix.

Déjà trop tôt le matin de ce dimanche 20 janvier, j’ai remarqué que les jeunes étaient particulièrement très contents, poussant un ouf de soulagement. J’imagine qu’ils disaient merci dans leur cœur. Pas parce que Félix a été proclamé nouveau président de la République par la Cour constitutionnelle, mais parce qu’ils ont retrouvé la connexion et les réseaux sociaux. Les cybercafés ont ouvert leurs portes.

Les téléphones, qui ne servaient plus qu’à passer des appels comme dans le vieux temps, ont repris de l’activité à partir de ce dimanche. J’ai vu des gens se précipiter vers les points de vente de crédits téléphoniques pour acheter des forfaits Internet. Normal, car en 20 jours de blackout, ils ont loupé tellement de choses et d’informations sur Internet. Imaginez le manque à gagner pour les startups et autres entreprises qui ne peuvent fonctionner que grâce à Internet ! Le pays était coupé du monde et vivait comme à l’époque où Internet n’existait pas.

Acaj réclame 1000 dollars par jour

Pour moi, les gens auraient dû protester vivement plutôt que de se réjouir, car ce sont des pratiques d’un autre âge et dignes d’une République bananière. Que celui qui a toujours sa machette suspendue sur Internet l’enlève une fois pour toutes. Nous attendons que le gouvernement et les maisons de télécommunications nous indemnisent. L’ONG Action pour l’accès à la justice (Acaj) exige le paiement d’un minimum de 1000 dollars américains de dommages et intérêts par jour et par citoyen abonné depuis le 31 décembre 2018 jusqu’au 20 janvier 2019. Au même moment, nous demandons que cette énième coupure d’Internet et de SMS soit la dernière de l’histoire du pays.

 

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