« Avec Kabila, ça ne va pas ! », dixit le pape François qui a renoncé à visiter la RDC en 2017. La nouvelle irrite à Kinshasa alors que la médiation catholique essaie d’arracher un accord final sur la transition. Voici la revue de presse de Didier Makal.
« Ils ont retourné le pape François »
« Ils ont retourné le pape François », déplore Le Soft international, journal proche de l’ex-ministre Kin-Key Mulumba. Ce média accuse les évêques catholiques, particulièrement le cardinal Laurent Monsengwo, un des conseillers du pape. « Dans sa propagande anti-régime, le clergé catholique peut compter… sur des puissances financières « généreuses » », écrit le média, adhérant à la théorie du complot contre le régime de Kabila.
« Le pape François à Djouba […] mais pas à Kinshasa », titrait l’hebdomadaire Jeune Afrique le 13 mars. C’est la conséquence des « manœuvres visant à retarder la mise en application de l’accord du 31 décembre », manœuvres dénoncées par les évêques catholiques médiateurs dans la crise qui secoue la RDC, fait entendre ce média. « Il était prévu d’aller dans les deux Congos, mais, avec Kabila, ça ne va pas, je ne crois pas qu’on puisse y aller », a confié le souverain pontife dans une interview au journal allemand Die Zeit, paru le 9 mars.
Le dialogue a repris, mais…
Les discussions ont repris la semaine dernière entre les parties au dialogue à Kinshasa, sous la médiation de la CENCO. Après deux jours de travaux, Actualité.cd note comme « principale avancée », l’entente sur la reformulation de l’article 7 de l’Accord sur la transition ; il fixe le mode de désignation du Premier ministre.
Le texte proposé par la CENCO prévoit que « le Premier ministre [soit] nommé au terme des consultations entre le président de la République et le président du Conseil des sages du Rassemblement ». Mais il reste à définir le rôle que jouera la médiation catholique, le chronogramme des activités de la transition et surtout, à redéfinir le poste du Conseil de suivi de la transition à la demande de la Majorité au pouvoir et du MLC notamment.
Il ne reste plus que le tête-à-tête entre le président du Conseil des sages du Rassemblement et Joseph Kabila, et ce sera « l’épilogue » des discussions, précise le site web kinois La Prospérité.
« Ça va mieux » au Rassemblement…
« Ça va mieux » mieux au Rassemblement, annonce Félix Tshisekedi, nouveau chef de la plateforme d’opposition, partie prenante au dialogue. D’après le site Médiacongo, la dissidence de l’aile Olengankoy, au sein du Rassemblement, est à jeter aux oubliettes. « Ça va, il n’y a pas de problème, on a parlé, on a rigolé », rassure Félix Tshisekedi. Et de préciser : « J’étais assis pendant toute la séance à côté de Joseph Olenghankoy, cela se passe très bien [avec Olengankoy, ndlr(. »
À l’ONU, ces discussions sont suivies à la loupe. Le président de la CENCO est invité à la conférence sur la RDC le 21 mars prochain pour « informer le Conseil de sécurité sur la situation actuelle en RDC », rapporte 7sur7.
En « mission impossible » dans ce dialogue, la médiation catholique aussi bien que le représentant du pape François en RDC n’entendent pas abandonner, fait remarquer Le Monde. Une médiation qui a été témoin de « la médiocrité » et des marchandages interminables autour du partage de postes au gouvernement. Mais s’il y a un motif d’espérer, fait remarquer Le Monde, c’est que l’accord sur la transition a été un miracle, souligne Monseigneur Montemayor :
« C’est déjà un miracle d’être arrivé à cet accord. Personne n’y croyait. Nous-mêmes, nous pensions que nous allions négocier dans un pays en guerre, rappelle dans un sourire le diplomate. C’est la preuve que la logique des seigneurs de guerre qui a longtemps prévalu s’estompe et c’est déjà un signe positif. »