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Les secrets de polichinelle de Museveni

Inconscience, cynisme méprisant ou volonté de revendiquer sa part de puissance ? Avec l’âge, et après 31 ans à la tête de l’État ougandais, Yoweri Museveni semble utiliser la technique de la communication sans filtre.

Le 29 avril dernier, dans une interview accordée à la chaîne Al-Jazeera, il se disait prêt à endosser le costume de « dictateur merveilleux ». En juillet 2016, il tenait à son hôte Benyamin Netanyahou un discours incongru avec des références à la Palestine et à l’anti-sionniste iranien Mahmoud Ahmadinejad…

Et voilà le président au chapeau qui s’est encore épanché de façon fracassante. Alors qu’il s’exprimait peu sur son rôle dans l’histoire récente de la République démocratique du Congo (RDC), le vingtième anniversaire de la chute du maréchal Mobutu semble l’avoir inspiré. Dans un récent entretien, le chef de l’Etat ougandais justifie la participation de ses troupes à l’opération militaire qui a occasionné la chute du grand timonier zaïrois. L’aveu officialisé, il restait à diffuser les justifications de cette ingérence caractérisée.

Défendre le Rwanda au Congo ?

Yoweri Museveni explique que son soutien à la guérilla de Laurent-Désiré Kabila n’était que le prolongement de son aide apportée quelques années plus tôt au Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagamé. Il se serait agi de « défendre le Rwanda » contre les milices Interahamwe réfugiées dans le Zaïre de l’époque. Si la bouche du président ougandais semble ne « plus porter de caleçon », selon une expression ouest-africaine, il réfute toujours deux accusations récurrentes : la première, historique, fait état de probables pillages de ressources minières congolaises – notamment de mines de diamants à Kisangani et d’or en Ituri – à la fin des années 90. Sur ce point, Museveni parle de « foutaises » propagées par les Européens.

La seconde accusation qui refait surface régulièrement, pas plus tard qu’en janvier dernier, fait état d’intrusions régulières, sur le sol congolais de centaines de rebelles en provenance d’Ouganda, après que semble avoir fait pschitt l’accord de Nairobi de 2013 sur le rapatriement des M23 présents dans le pays de Museveni…

Ouganda-Rwanda-RDC… Mobutu-Kabila père-Kabila fils-Bemba… Un sac de nœuds dont Yoweri Museveni aura tout loisir de dévoiler encore bien des secrets, selon son timing de prescription historique…

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