Depuis la naissance de l’opposition du G7, la ville de Lubumbashi est le théâtre d’actes de rivalités politiques inédites entre la majorité et l’opposition. Cette bataille est aussi celle de l’expression et des médias. Les efforts ne se limitent plus à appuyer son expression, il faut aussi calmer celle de l’adversaire pour s’assurer une chance de résonner plus fort dans l’oreille de l’opinion.
Une affaire de fisc qui passe mal
Avec la fermeture de la chaîne d’audiovisuel La voix du Katanga (Vkat), l’expression des opinions contraires au pouvoir s’amenuise à Lubumbashi. Tant que les médias célébraient Joseph Kabila et son régime, aucune fermeture n’était possible. L’autorité fiscale ne les poursuivait pas alors même qu’ils ne payaient pas leurs impôts. Mais dès que leurs responsables ont choisi d’émettre une voix contraire… les voilà en difficulté. Vkat appartient à Gabriel Kyungu, Président de l’Assemblée provinciale de l’ex-Katanga, désormais opposant à Joseph Kabila. Et devinez ? Son média l’a suivi dans cette opposition…
Officiellement, il lui est reproché (tout comme aux autres proches de Katumbi) le manque de licences d’exploitation et la non-conformité par rapport au fisc. Pourtant, l’essentiel de l’audiovisuel local vit dans la même situation. Un ami journaliste employé dans un illustre média lushois me confie, pour commenter cette fermeture : « Même notre média n’est pas en règle ». C’est dire que si on devait appliquer à la rigueur l’exigence de conformité au fisc, plusieurs sources d’informations locales, et peut-être toutes, cesseraient d’émettre. Ceci dit : justifier la fermeture des médias des opposants politiques les plus gênants en évoquant le non-paiement des taxes et impôts ne passe pas du tout auprès du peuple.
Boucliers médiatiques
Par ailleurs, je pense que l’inclination partisane expose les médias à la faute. Les actes et gestes n’ont plus la même valeur, hélas ! Vkat, comme les autres médias fermés, me semble avoir manqué au devoir d’objectivité dans son exercice. Elle a souvent servi de caisse de résonance. C’est à l’image de tous les médias locaux inféodés aux acteurs politiques. Leurs promoteurs s’en servent comme des « boucliers ». Ils en font ce qu’ils veulent pour séduire ou pour détruire l’adversaire, à l’image de l’audiovisuel officiel, la RTNC.
* L’auteur a préféré garder l’anonymat pour des raisons de sécurité et « Le Katangais » est un pseudo.