article comment count is: 3

Les échecs de l’armée congolaise dans l’Est du pays

A Beni à l’Est de la RDC, la traque des ADF est qualifiée de « guerre asymétrique », car ces rebelles utiliseraient des méthodes de guerre non conventionnelles. C’est ainsi que les forces armées de la RDC semblent justifier les difficultés qu’elles rencontrent lors des opérations pour arrêter ces rebelles. Est-ce un échappatoire ? Les FARDC seraient- elles dépassées ? Echouent-elles parce qu’elles sont infiltrées de l’intérieur ?

Retour sur des objectifs ratés

En 2007 s’opère une scission de l’ADF-NALU. L’aile NALU abandonne la lutte militaire pour des revendications politiques grâce au programme « Amnesty Commission », opérationnel à Beni mais financé par l’Ouganda, pour le désarmement et le rapatriement volontaire de ses combattants. Cet événement marqua également un changement à la tête du groupe armé ADF. Jamil Mukulu, ancien chrétien converti à l’islam, prend alors la tête du mouvement. Au même moment, le gouvernement congolais engage l’opération Ruwenzori, contre les éléments réfractaires au désarmement volontaire. S’ils semblaient avoir été anéantis dans un premier temps, les rebelles ont refait surface grâce à des attaques sporadiques de faible ampleur avant de s’illustrer par des grands rapts entre 2011 et 2012. Les instituts de recherche de la région sur la dynamique des groupes armés qualifient ces enlèvements de masse « de mode de recrutement d’un groupe rebelle en quête de réorganisation ».

En 2012 l’opération militaire « Safisha » (Nettoyer en swahili) est lancée par l’armée congolaise contre les ADF. Mais elle fut de courte durée et dût s’interrompre car les troupes engagées au front allaient être redéployées à Goma pour la neutralisation du Mouvement du 23 Mars, rébellion soutenue par le Rwanda qui avait pris le contrôle d’une importante partie de trois territoires du Nord-Kivu (Masisi, Nyiragongo et Rutshuru).

En janvier 2014, le colonel Mamadou Ndala, considéré comme un héros à l’époque pour ses faits d’armes, est envoyé avec ses troupes pour reprendre la mission qui avait dû être écourtée deux ans plus tôt. Mais alors que « Sokola 1 »(Nettoyer en lingala) n’avait pas encore officiellement débuté, Mamadou Ndala meurt, assassiné dans une embuscade « tendue par les ADF, avec la complicité de certains officiers des FARDC ».

L’opération est confiée au général Bahuma Ambamba entre janvier et juillet 2014. « Sokola 1 » affaiblit sensiblement les rebelles. Plusieurs bastions des ADF tombèrent sous contrôle des militaires loyalistes.

Le 31 Juillet le général Bahuma Ambamba meurt lui aussi. On apprendra plus tard lors du procès que l’assassin impliqué dans la mort de Mamadou Ndala est aussi celui qui empoisonna le général Bahuma Ambamba. La théorie sur une complicité interne au sein des FARDC avec les ADF devient soudains évidente. Ces complicités expliquent en partie pourquoi un tel groupe jugé faible arrive à tenir tête aussi longtemps aux troupes gouvernementales appuyées par les casques bleus de la brigade d’intervention de l’ONU.

Le 15 octobre 2014, le premier massacre intervint dans la ville de Béni, dans le quartier Ngadi où 35 personnes furent tuées à l’arme blanche. L’attaque fût attribuée à ces rebelles qu’on croyait pourtant anéantis. L’emploi du terme « guerre asymétrique » commençait à refaire surface. Par la suite, toutes les attaques similaires furent aussitôt attribuées aux rebelles ougandais sans que les assaillants n’aient à les revendiquer.

Dans son rapport intitulé « qui sont les tueurs de Beni ? », publié en mars 2016 et portant sur les récentes tueries de civils dans la région de Béni, le groupe d’études sur le Congo, identifie 68 villages attaqués.

Guerre asymétrique ou échappatoires ?

L’efficacité de l’armée congolaise et des casques bleus de l’ONU est remise en cause dans cette lutte. Depuis mai 2016, la brigade d’intervention de la mission de l’ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco) et l’armée congolaise ont mis en place l’opération « Usalama » (stabilité en swahili), visant la neutralisation effective de ce groupe armé, mais les efforts militaires de ces deux forces se heurtent au mode opératoire des assaillants qui prennent pour cibles les populations civiles sans protection en faisant usage d’armes blanches. Les ADF commencent à attaquer de plus en plus près de la ville de Béni et les échecs des forces armées congolaises sont toujours justifiées par ce fameux terme « guerre asymétrique ».

Le 13 août à Rwangoma, les survivants ont révélé que les égorgeurs étaient habillés en tenue des FARDC. En août 2016, le commandement de l’armée dans la région a même décidé de faire changer les uniformes de ses troupes pour que les militaires arborent des tenues différentes de celle de l’opération militaire « Sokola 1 ». Une preuve de plus pour confirmer le soupçon de collaboration entre certains membres des forces armées de la RDC et les auteurs des tueries.

L’intervention d’une unité anti-terroriste est envisageable

Plusieurs militaires de l’armée congolaise et des casques bleus de la brigade de l’ONU ont perdu la vie dans les combats contre les membres des ADF. Malgré ces sacrifices et bien que ces forces armées disposent de plus de 20 000 soldats, elles n’ont pas réussi à neutraliser les ADF. D’où notre interpellation aux commandants de ces unités. Pourquoi ne pas faire appel à une force spéciale internationale de lutte contre le terrorisme ou la guérilla ? Car nos troupes sont engagées depuis bientôt dix ans et les résultats sur le terrain se font toujours attendre.

 

 

 

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (3)

  1. Pourquoi dire que la décision de l’État major de la région de changer la tenue des troupes s’apparente à des complicité moi je pense plutôt ils ont changé vu que les survivants des massacre disaient que les égorgeurs porté la tenue des FARDC comme ça si les personnes en tenue étaient signaler de nouveau on comprendrait qu’ils utilisé juste la tenue de l’armée..