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La tribu et la région pour gouverner en RDC

En RDC, la composition de tout gouvernement doit tenir compte de la représentativité tribale et régionale de ses membres. L’objectif est d’éviter les frustrations dans le pays. Mais là où le bât blesse, c’est quand la tribu et la région sont utilisées comme source du pouvoir.

Aujourd’hui en RDC, nul ne peut être gouverneur d’une province dont il n’est pas originaire. C’est bien dommage. Il n’en était pas ainsi du temps de Mobutu. À l’époque du Zaïre, les provinces étaient dirigées par des non-originaires. La province du  Katanga par exemple avait eu des  gouverneurs originaires d’autres provinces. C’est le cas d’Alphonse Kayagialo qui était natif de l’ex-province de l’Équateur.

Les associations tribales, sources de pouvoir

Chaque fois qu’il y a un nouveau gouvernement – et c’était le cas lors de la publication du gouvernement Tshibala – les associations socioculturelles, souvent à caractère tribal, félicitent le chef de l’Etat d’avoir « élevé » l’un des leurs au rang de ministre. Pour ces associations, cela témoigne de « l’attention du chef de l’Etat » à l’égard de leurs communautés ethniques.

Malheureusement ces associations socioculturelles, en réalité socio-tribales, sont devenues de vrais groupes de pression qui proposent et parfois imposent des candidats à des fonctions publiques. La leçon est simple : la tribu d’abord. Rarement les ministres et les hauts fonctionnaires de l’État arrivent à échapper à l’emprise de ces associations tribales.

La puissance des tribus et des régions

La RDC étant composée d’une multitude de tribus (environ 450), il y a fort à craindre qu’un jour les tribus oubliées dans le partage de pouvoirs ne se soulèvent pour réclamer leur tour d’accéder aux affaires. L’exemple de Ne Muanda Nsemi en est une illustration. Ce leader du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo s’est mis en colère contre Joseph Kabila pour n’avoir pas été nommé dans le gouvernement de Samy Badibanga. Dans sa furie, Ne Muanda Nsemi (qui est de l’ethnie kongo de l’ouest du pays) a appelé à chasser de sa région d’origine ceux qu’il appelait « les étrangers », c’est-à-dire ceux qui ne sont pas de son ethnie.

Le plus triste est que même dans l’entendement de plusieurs Premiers ministres qui se sont succédé en RDC, la « représentativité nationale dans le gouvernement central » telle qu’inscrite dans la Constitution, passe pour un jeu d’équilibre entre clans, tribus et régions. De ce point de vue, il y a risque de tomber dans le régionalisme. Lorsque dans un gouvernement on compte de nombreux ministres originaires de seulement deux ou trois ethnies, tandis que d’autres sont oubliées, une telle configuration est susceptible de créer des frustrations parmi les tribus marginalisées.

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