Dans cette guerre des foules vide d’idées novatrices qu’est la campagne, les promesses électorales sont si nombreuses qu’il est difficile de faire la différence entre la démagogie et les vraies promesses. Cependant, certains programmes méritent d’être suivis de près. C’est le cas de celui d’Emmanuel Ramazani Shadary.
Le Dauphin, Emmanuel Shadary, a regroupé dans un document de 38 pages, les éléments de son programme estimés à hauteur de 85,68 milliards USD. Son projet s’articule autour de 4 axes dont « le renforcement de l’autorité de l’Etat et l’amélioration de la gouvernance publique, la construction d’une économie diversifiée et compétitive, la lutte contre la pauvreté, ainsi que l’accès aux services sociaux de base et le renforcement du rôle géostratégique de la RDC ». Voici maintenant quelques idées plutôt intéressantes trouvées dans son programme de société, qui méritent selon moi le détour.
Créer 100 000 emplois directs et indirects par an, à partir de 2020, avec un accent particulier mis sur les femmes et les jeunes
En trois ans, le candidat du FCC promet de créer 300 000 emplois, particulièrement pour les jeunes et les femmes. Sachant que le taux de chômage actuel est évalué à 84 % de la population et que seul 10 % de jeunes qui finissent leurs études obtiennent un boulot à la hauteur de leurs compétences. Si cette promesse se matérialisait, elle contribuerait efficacement à la lutte contre la pauvreté. Dans son programme, il précise que sa vision est de « sortir au moins un tiers des Congolais de l’extrême pauvreté, d’ici 2023, en portant leur revenu moyen au-delà de 3 $ US par jour ».
Augmenter les salaires de l’administration publique à hauteur de 400 USD pour un huissier d’ici 2023 de manière à contribuer à l’amélioration des prestations sociales
Cette « belle » promesse électorale nous rappelle un accord signé en février 2004 entre le gouvernement et les syndicats sous le nom de « l’accord de Mbudi » (NDLR. : Mbudi est le nom d’un quartier périphérique de Kinshasa, dans la commune de Mont Ngafula où s’était conclu l’accord en février 2004). L’accord de Mbudi prévoyait un barème salarial de 208 dollars pour l’huissier. Pas besoin de vous rappeler combien le gouvernement peine à respecter cet accord, ni les grèves que ne cessent de décréter les fonctionnaires pour réclamer ce droit. L’application effective de l’accord de Mbudi continue à se faire attendre. Cette amélioration de 400 dollars du barème salarial promise par le candidat Shadary aura donc de quoi remettre un peu de sourire aux lèvres des fonctionnaires de l’Etat qui peinent à nouer les deux bouts du mois avec moins de 100 dollars de salaire, sans compter les irrégularités de payement.
Des promesses sur les infrastructures
Parmi les promesses à observer de près concernant les infrastructures, il y a par exemple, « la construction de l’autoroute ultramoderne Kingabwa – Aéroport de N’Djili, le long du Fleuve Congo qui devra être opérationnelle d’ici 2023 » précise-t-il. Emmanuel Shadary promet aussi de « lancer le premier tramway » du pays, à Kinshasa à Socimat-Barumbu en 2023.
Aussi, le candidat garantit de « réhabiliter et moderniser 20 000 écoles et centres de formation ainsi que 200 établissements de l’Enseignement supérieur et universitaire du secteur public pour répondre au besoin d’améliorer les conditions d’études des enfants ».
La réhabilitation et l’extension de la capacité du barrage de Bendera dans la province de Tanganyka (17,2 mégawatts) et des autres centrales de Nondi, Koni, Mudingusha, Nseke, Mobayi Mbongo, Ruzizi, est aussi à regarder de près. La construction du barrage Wanya-Rukula (capacité estimée : 700 mégawatts) fait, elle aussi, partie de ces futures réalisations.
À côté de tout ceci, ERS comme l’appellent les internautes, dit vouloir construire « 10 000 logements sociaux et favoriser la vente à crédit d’au moins 50 000 véhicules et 200 000 appareils électro ménagers par an ».
Comment cela va-t-il se faire ? La formule se trouve cachée dans la tête du candidat numéro 13. Quant à moi, j’attends de voir pour croire !
Si vous êtes intéressés à en savoir plus sur le programme de société d’Emmanuel Ramazani Shadary, vous pouvez le retrouver sur ce lien. Il est ambitieux mais pas impossible à réaliser.
Avec sa logique de la « continuité de l’émergence », Ramazani propose de faire en 5 ans, ce que Kabila n’a pas pu faire en 18 ans de pouvoir. Le dauphin drible-t-il son mentor ?