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#Univsansharcelement : harcelée, elle ne peut pas dénoncer son bourreau

« Merci pour cette campagne. », message reçu sur mon téléphone, de la part d’une amie. Elle venait de voir sur mon statut WhatsApp le visuel de la campagne de Habari RDC contre le harcèlement sexuel dans les universités.

Je ne savais pas encore que ce court message allait être le début d’un échange sur un des drames secrets qui se vivent dans les universités congolaises.

J’ai tout de suite répondu : ça vous parle ? L’amie m’a dit ‘’oui’’. Je lui ai alors demandé si elle avait une expérience ou un témoignage. Après une longue hésitation, elle a finalement décidé de partager avec moi son histoire, tenue secrète jusque-là. Elle a insisté sur son anonymat, je vous partage ici sa triste mésaventure.

Il m’appelait bébé et me faisait des clins d’œil  

Etudiante dans une institution universitaire de Lubumbashi, Aïcha (nom d’emprunt) a subi des pressions et des sollicitations d’un de ses professeurs. « En première licence, je m’asseyais dans l’allée de l’auditoire. Chaque fois que l’enseignant donnait cours, il passait et s’arrêtait à côté de moi en bougeant le micro et il m’appelait ‘’bébé’’. Je n’y prêtais pas attention au début mais au bout d’un temps j’ai dû changer de place, pour éviter d’être ainsi gênée. Mais, chaque fois qu’il me voyait même dans la cour de l’université, il ne cessait de me faire des clins d’œil. », me témoigne Aïcha.

Puis un jour, en plein cours, l’enseignant fit un compliment très gênant pour Aicha. « Il m’avait mise dans l’embarras et, choquée, j’ai dû rentrer chez moi tout de suite. » S’étant rendu compte de son départ, l’enseignant fit faire une interrogation surprise en l’absence de Aïcha. Cela impliquait directement qu’elle aurait zéro à cette interrogation.

Et la galère empire…

Rater l’interrogation n’était que le début des soucis qu’allait avoir Aïcha. Quelques jours après la scène, le même enseignant confisqua les affaires d’elle et de ses amies. Ordinateurs, téléphones et sacs. C’était, pour l’enseignant, un moyen d’imposer qu’elles passent le voir, une à une, à son bureau pour les reprendre. Aïcha finit donc par aller le voir comme exigé.

C’est là que son professeur lui demandera de se lever d’une chaine qu’elle venait d’occuper, pour s’asseoir sur une table. « Gênée, je lui ai dit j’étais venue, uniquement pour récupérer mes objets. », confie-t-elle.

Oui, mais assieds-toi sur la table, insista l’enseignant, avant d’essayer de forcer Aïcha de s’asseoir ses jambes comme condition pour récupérer ses affaires. Elle se souvient du traumatisme que cela lui fit d’un coup : « Je m’était subitement levée, j’avais senti la peur monter en moi. J’avais déjà entendu de rumeurs sur ces méthodes de l’enseignant et là j’étais sur le point de les vivre. »,

La pauvre dû crier très fort au secours, ce qui alerta des étudiants qui passaient. Ce n’est que ça qui fit lâcher prise à l’enseignant. Cela sauva Aïcha du cauchemar qui allait lui arriver.

Malheureusement les supérieurs de l’institution universitaire ont imposé le silence à Aïcha. Elle ne sent pas non plus le courage de leurs désobéir. Elle sort de son silence grâce à la campagne UnivSansHarcelement même si elle reste anonyme. Comme plusieurs victimes, elle craint pour ses études. « A quoi ça sert d’en parler publiquement si cela peut diminuer mes chances de terminer mes études ? », me demande-t-elle.

Pourtant la loi protège Aïcha. C’est reconnu à l’article 174d : « Quiconque aura adopté un comportement persistant envers autrui, se traduisant par des paroles, des gestes, soit en lui donnant des ordres ou en proférant des menaces, ou en imposant des contraintes, soit en exerçant des pressions graves, soit en abusant de l’autorité que lui confère ses fonctions en vue d’obtenir de lui des faveurs de nature sexuelle, sera puni de servitude pénale de un à douze ans et d’une amende de cinquante mille francs congolais constants ou d’une de peines seulement. »

 

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Les commentaires récents (0)

  1. Tres important cette initiative. Nous vivons beaucoup dans nos universités. De fois, nous les gardons pour nous pour éviter les réactions du genre « unaji tapia mwalimu, tu craques pour l’enseignant,… ». Reste aussi de savoir qui croirait votre version que celle de l’enseignant rigoureux dans l’auditoire ?!
    Merci beaucoup pour cette initiative !

  2. La compromission est aussi un vilain défaut; à un moment qu’on assume les conséquences de la complaisance si l’on ne veut pas dénoncer les méfaits en dépit des risques que cela peut comporter…