Albertine Uwimana et sa fillette au dos, sarclant son champ de pommes de terre. Crédit photo : Jonas Sindani, commune de Kibumba, territoire de Nyiragongo
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Au village, les femmes tiennent les maisons et en sont les cheffes

Préparer à manger, tenir un ménage, s’occuper des champs, le quotidien d’une femme au village est comparable à une journée de plus de 15 heures de travail.  Ces femmes, elles font un travail que très peu peuvent faire en République démocratique du Congo. Je voudrais leur rendre hommage dans ce billet.

Dans nos villages, contrairement aux hommes, qui eux sont plus présents dans des activités économiques marchandes, dont le travail est plus mesurable et générant des revenus dans le secteur formel, le travail féminin, lui, est victime d’une « invisibilité » statistique.

La femme n’est pas que vulnérable, elle a également des atouts 

À Kibumba, au nord de la ville de Goma, la femme est l’image de la force. Elle ne travaille pas pour s’enrichir, se payer des habits chers ou des véhicules. Mais pour subvenir aux besoins de sa famille, éduquer ses enfants et offrir l’espoir à la communauté.

Elle est présente dans toutes les activités qui ont un lien avec la vie de la famille. Depuis le semis, jusqu’à la moisson, c’est elle.

En zone frontalière avec le Rwanda et sur la nationale 4, les femmes sont dans le petit commerce entre Goma et le Rwanda. Pendant ce temps, le travail de champs des hommes ne se limite qu’au débroussaillage.

« Je ne sais pas combien d’heures je travaille par jour. Je pars au champs à 5h30 et je rentre à 17h30. Je travaille même le dimanche et les jours fériés. Les jours où je ne vais pas au champs, je vais au marché vendre des pommes de terre, des choux et des carottes pour avoir de quoi nourrir ma famille. À la grande moisson, je paye la scolarité de mes trois enfants qui étudient ici au secondaire et un qui fait déjà l’université en ville (Goma) », m’a confié Albertine Uwimana, une femme que j’ai rencontrée.

Albertine Uwimana après le champ, elle vend des articles sur les bords de la nationale numéro 4. Crédit photo : Jonas Sindani, Buhumba, commune de Kibumba, territoire de Nyiragongo

La femme rurale, cheffe de famille

On sait que les femmes produisent l’essentiel de l’alimentation pour les familles rurales, elles en sont les piliers. Et même si leurs revenus restent modestes ou irréguliers, ils sont essentiels pour payer la scolarisation des enfants, les soins de santé, l’eau potable ou les déplacements.

Une autre femme, Furaha Niyonzimana, raconte ce qu’elle fait : « Nous ne sommes pas à l’époque où la pomme de terre était la principale moisson ici. Si je reste bras croisés, mes enfants mourront de faim et n’iront pas à l’école. Alors, je fais le portefaix à notre petite douane pour avoir de quoi prendre soin de ma famille. »

Furaha Niyonzimana portant un colis d’oignon en provenance du Rwanda. Crédit photo : Jonas Sindani, village de Kabuhanga à la frontière avec le Rwanda.

Réduire les inégalités 

La réduction des inégalités de genre passe par une meilleure prise en compte du travail féminin. Au sens large, c’est-à-dire inclure l’ensemble des activités féminines (secteurs marchand et non marchand), de même que les tâches domestiques comme travail réel. Tant que ces activités seront considérées comme secondaires au niveau économique et familial, et que l’accès au marché du travail sera inégal entre les genres, l’amélioration du statut des femmes sera difficile.

En attendant, elles restent nos lionnes, nos héroïnes, ces femmes rurales. Elles nourrissent toute la nation.

 

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Les commentaires récents (2)

  1. Cet article me rappelle la vie que mène ma Chère et tendre Mère Kabuo Josée, Ménagère et cultivatrice de son état. Elle m’a fait tout grâce aux revenus de ses produits champêtres. Honneur et respect à la femme rurale qui nous a donné forme humaine, une éducation digne et un encadrement difficile malgré son exclusion dans la sphère des décideurs.