Ebola
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Ebola plus difficile à gérer à Beni que dans l’Equateur

Nous pensions avoir terminé avec les tueurs sans nom dans la région de Beni qui massacrent les paisibles citoyens depuis bientôt quatre ans. Mais le pire vient d’arriver, et c’est le virus Ebola ! J’ai lu que le gouverneur, Julien Paluku, appelait la population à ne pas paniquer. Quant à moi, à travers ce billet, j’exprime mes craintes en tant que natif de cette partie du pays.

Cet appel du gouverneur est-il un moyen d’alerter ou de prévenir la propagation du virus ? Je ne saurais le dire, mais en tout cas, voici ce qui m’inquiète : la ville de Beni (proche de Mangina où Ebola est confirmé) est une plaque tournante de plusieurs populations de l’est de la RDC. Elle est d’ailleurs, avec Kinshasa et Goma, l’une des villes de type melting-pot de ce pays. Asiatiques, Kinois, Katangais, Européens… tous y vivent. De Beni on peut aller vers l’ex-Province-Orientale, et de là on peut prendre un bateau jusqu’à Kinshasa. Pareil vers Kasindi (cité frontalière avec l’Ouganda) ou vers Goma via Butembo. Je ne remets pas en question les compétences des experts du ministère de la Santé, mais contenir un tel mouvement de populations me paraît impossible.

Cette partie du pays est donc très ouverte au flux transfrontalier des personnes et des biens. Ce n’est pas comme la province de l’Equateur que l’on sait enclavée. Je ne vous dis pas le nombre de rotations qu’il y a tous les jours entre Mangina, Beni et le reste du pays, mais aussi et surtout avec l’Ouganda. Alors comment être certain de bien circonscrire cette zone afin de la mettre en quarantaine et protéger la population ?

Infirmiers en grève et déplacés internes

Il y a plusieurs jours, les premiers cas suspects ont été constatés à Mangina. Les personnes mortes ont également été prises en photo, puis enterrées. Leurs corps ont certainement été manipulés par des proches. Pire, pendant l’apparition des premiers cas, les infirmiers de cette partie de la province étaient en grève. Ce qui sous-entend que les membres de famille ont dû être les premiers secouristes des patients. Heureusement, les infirmiers ont suspendu leur mouvement de grève à l’annonce d’Ebola.

Il y a aussi le fait que les présumés ADF continuent de tuer des gens dans les environs de Beni. Leurs attaques récurrentes causent des mouvements incontrôlables de populations. Personne ne pourrait prédire comment ni par quel chemin pourraient se déplacer les personnes fuyant les attaques.

Toutes ces inquiétudes me font craindre le pire ! Je me joins à la douleur de mes frères Congolais de la région de Beni. Et je ne peux m’empêcher de nous rappeler les précautions à prendre : même si nos coutumes l’exigent, évitons de toucher ou de manipuler à mains nues les morts, quels qu’ils soient. Ebola se transmet à travers tous les fluides corporels ! Pensons plus à la sécurité du grand nombre qu’à celle de soi-même. Se rendre au centre de santé le plus proche en cas de suspicion de contamination. Ne pas mettre en danger sa vie ni celle des autres. Enfin, rester à l’écoute des informations sur l’évolution de la lutte contre cette dixième épidémie.

 


Vous pouvez lire aussi : L’épidémie d’Ebola confirmée à Beni au Nord-Kivu

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Les commentaires récents (1)

  1. Une unité militaire de réaction rapide vient d’être déployée a Beni depuis jeudi 9 Août pour intervenir en sensibilisation et prévention contre ebola dans les zones insecirisees