Ces 15 derniers jours la toile congolaise a été marquée par deux sujets majeurs. L’élection du président américain et la nomination d’un nouveau premier ministre. Ces deux sujets ont tous un point commun : Les sondages du net ont tous été déjoués.
Le dialogue national était sensé être inclusif mais il a été boudé par beaucoup d’acteurs phares de l’opposition congolaise. Monsieur Rwakanyingiyini Kamerhe Vital, le porte-parole de la voix de l’opposition était annoncé par beaucoup d’internautes comme le successeur du rigoureux Augustin Matata Ponyo ( Matata qui veut dire rigueur en lingala).
Malheureusement, l’effet trump a une fois de plus gagné du terrain dans la classe politique congolaise. Kamerhe longtemps annoncé sur le net comme le futur locataire de la primature a été écarté à la surprise générale. « Tel est pris, qui croyait prendre », peut-on lire sur un tweet plutôt moqueur de l’honorable Francis Kalombo.
Celui qui semblait n’intéresser personne est bien celui sur qui a été fait le choix du président pour occuper les bureaux de la primature : Samy Badibanga. J’avoue que je ne savais même pas qu’il avait participé au dialogue, encore moins qu’il me suivait sur twitter… Sa nomination a surpris tout le monde. Tout le monde, sauf un. Triphon Kinkey Mulumba, le ministre qui a twitté vouloir « désormais répondre à quiconque l’insultera sur twitter », dit avoir prophétisé la nomination de Samy dans son journal, Le Soft International.
Contre toute attente, ce qui a fait le plus de brouhaha sur la toile congolaise est beaucoup plus ses origines ethniques que son appartenance contestée mais voulue à l’UDPS. Se basant sur ses origines, certains internautes kinois craignent déjà d’être dominés par ces frères kasaiens conducteurs de motos appelés « Wewa ».
la phrase qui domine dans les publications sur Facebook est « toko nyata nyata bino lokola ba kanyansa » (nous allons vous piétiner comme des caillasses). Pour couronner le tout, le gouverneur Alphonse Ngoy Kasanji se réjouit, dans l’un de ses très rares tweets sur son compte officiel, de la nomination d’un Kasaïen à la primature et présente sur Twitter ses remerciements au président de la République (malheureusement, le président n’est pas un tweetos).
Est-ce une affaire kasaïenne ou nationale ? Alphone Ngoy Kasanji est-il le représentant du peuple kasaïen pour parler en leur nom ? Le tribalisme renaît de ses cendres sur la toile congolaise.
Étonné,Jérôme Antoine, un twittos congolais, pose au gouverneur Kasanji la question de savoir si Samy Badibanga sera le premier ministre du Kasaï ou du Congo ?
Qu’en dit Samy Badibanga ?
Après avoir vu ce que les autres pensaient de leur nouveau premier ministre, allons faire un petit tour sur le compte du concerné. Sur son compte Facebook on retrouve une longue publication datant d’avril 2016 qui en dit long sur le dialogue, le critiquant à outrance. Le même dialogue auquel il a participé quelques mois plus tard et qui l’a propulsé au rang de premier ministre. Voici donc un extrait : « dialogue à Kinshasa : un coup d’état contre les institutions mises en place par la Constitution du peuple congolais ». L’intégralité est à lire sur son mur…
Entre débats tribaux et compétences au poste, la suite du mandat de Samy Badibanga risque de faire encore couler beaucoup d’encre. Je ne suis pas kasaïen, mais je vous souhaite quand même bonne chance Monsieur le premier ministre. Heureusement pour nous, vous êtes un « webocrate » (un habitué des réseaux sociaux), et vous nous donnerez sans aucun doute, matière à discuter. Bienvenu !