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Arnaques téléphoniques : comment les télécoms protègent-elles nos données personnelles ?

Depuis avril 2016, le gouvernement contraint les sociétés de télécommunication à collecter obligatoirement les données identitaires de leurs abonnés. A l’époque, l’ONG Acaj avait émis une inquiétude sur la protection de la vie privée de la population. Voilà qu’aujourd’hui, nos identités se trouvent entre les mains de personnes mal intentionnées.

A chaque achat d’une puce, nous remplissons un long papier en y mettant tous les détails de notre identité allant du nom à la date de naissance, parfois, même les identités de nos parents, origines ethniques, etc. On nous dit que c’est pour notre sécurité, on comprend. Mais puisqu’il s’agit de notre sécurité, nous avons donc le droit de savoir comment ces données sont conservées ou sécurisées. Car depuis peu, nous sommes victimes des escrocs qui nous appellent en nous promettant toute sorte de bonheur. Comment obtiennent-ils nos coordonnées ?

Pour vous permettre de comprendre, je vous raconte une petite anecdote. Tôt le matin, j’arrive au bureau et je m’apprête à commencer à travailler. Soudain, un numéro inconnu (+24317305216) m’appelle. Il parle vite, si vite que je n’ai pas le temps de répondre. « Bonjour Lemien Saka ! Je m’appelle Bienvenu, je suis maintenant à Lubumbashi et travaille actuellement pour l’Unicef. Nous avons lancé une offre pour un chargé de communication et je pense qu’elle te convient. Dis-moi si je peux ajouter ton nom sur la liste ou comment ? », me dit-il. « Dis-moi vite si ça t’intéresse ou pas parce que je dois appeler d’autres personnes. On va te passer 650 dollars par moi », ajoute-t-il à cause de mon silence. Je retiens mon souffle avant de lui répondre car je connais bien ce jeu. Je lui rétorque calmement : « Quel Bienvenu ? Je ne connais pas un Bienvenu à Lubumbashi moi… Excuse-moi, va voir ailleurs cher monsieur, et trouve-toi un travail moins médiocre que l’escroquerie ».

Qui sont ces escrocs ?

Ce à quoi il répond : « Tu penses que je ne te connais pas ! Je sais tout sur toi, tu es à Kinshasa… » Avant d’achever par des insultes dont je vous épargne les détails. Lui qui semblait me vouloir du bien ! Mais j’étais tout de même très étonné de constater qu’il connaissait presque tout sur moi.

Ceci n’est pas un cas isolé. En partageant l’info dans un groupe WhatsApp et sur Facebook, je me rends compte que plus d’une trentaine de personnes ont toutes aussi été victimes de ce chantage. Dans ce lot, Esther Mambu, une blogueuse de Habari s’est aussi vue être appelée par ce numéro-ci : +24381800955 dans le but de lui offrir un travail sur un plateau…

Là il ne s’agit que de mon entourage. Imaginez le nombre de ceux qui ne sont pas dans mon cercle et qui sont eux aussi victimes de ces tentatives d’arnaque. Le point commun entre tous ces appels inconnus, c’est que ces gens nous connaissent parfaitement alors que nous, on ne sait rien d’eux. Ils nous parlent comme si nous étions proches depuis longtemps. Comment se procurent-ils nos numéros et nos identités ?

Sommes-nous en danger ?

Les télécoms, pour leur bon fonctionnement, ont besoin de nos identités personnelles. Parfois, ces détails personnels sont collectés par leurs revendeurs de puces dans les rues sans que l’on sache trop leurs motivations. Si elles prennent bien le soin de nous demander obligatoirement nos coordonnées, elles ne sont que peu préoccupées par le souci de nous informer sur la politique qu’elles mettent en œuvre pour protéger les données de toute une nation qu’elles collectent.

Tenez, une société de télécommunication qui a plus d’un million d’abonnés, garde dans sa base de données des informations de plus d’un million de Congolais sans leur dire comment elle fait pour garantir la sécurité de ces données. Imaginez que ces données tombent entre les mains des gens mal intentionnés, ou pire que l’entreprise vende sciemment ces données !

Je pense que rendre publique leur politique de protection de données serait le minimum à faire par respect pour les clients que nous sommes.

 

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