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Au Burundi, Nkurunziza ne la joue pas fairplay !

« Le footballeur est un esclave », disait le célèbre Raymond Kopa, ce joueur français des années 50, premier de sa nationalité à avoir reçu un ballon d’or.  Raymond Kopa est aussi l’un des premiers à avoir défendu les droits des joueurs de football. Je me demande ce qu’il aurait dit en apprenant qu’à cause du foot, des joueurs ont risqué la prison dans certains pays ! En parlant d’« esclave », Raymond Kopa pensait plus au fait que les joueurs de l’époque n’avaient aucun mot à dire quand on devait les vendre ou les acheter, c’était une métaphore. Il se serait étonné aujourd’hui de voir que cet esclavage s’applique littéralement quand il s’agit de jouer contre le président du Burundi.

Le football est avant tout le fair-play. Hélas au Burundi, cela n’est pas complètement vrai quand l’adversaire s’appelle Pierre Nkurunziza. Quand le chef de l’État a le ballon aux pieds, il doit être « intouchable ». Même s’il ne fait pas grand-chose sur le terrain, c’est lui l’« homme du match » et le meilleur « buteur et dribbleur ». Tu enfreins l’une de ces règles, tu vas croupir en prison. Si ce n’est pas toi, c’est ton sélectionneur ! Je sais que vous ne croyez pas ce que je raconte, mais vous pouvez le vérifier auprès de l’administrateur de la commune de Kiremba ou de son adjoint au Burundi ! « Ils ont comploté contre le chef de l’Etat en sélectionnant des joueurs qui n’avaient pas respecté les trois règles d’or », voilà le chef d’accusation.

A quoi bon jouer ensemble si on n’est pas égaux sur le terrain ?

Raymond Kopa cité ci-haut venait d’une famille pauvre. Ses parents étaient mineurs. Il ne se sentait humain, libre et égal aux autres qu’en jouant au football, comme il l’a dit un mois avant sa mort : « Je dirai presque que le football m’a sauvé. Il m’a permis de sortir de cette mine quand je suis devenu joueur professionnel. » Sur le terrain de foot on joue normalement d’égal à égal et c’est sûrement ce message que le président burundais aurait pu envoyer s’il n’avait pas fait arrêter Cyriaque Nkezabahizi, administrateur de la commune de Kiremba et son adjoint chargé du sport, Michel Mutama. Mais non, avec Nkurunziza c’est : « Tu me dribbles, tu vas en prison ! » Quand c’est contre le président, les joueurs ne sont plus égaux ! Que ce soit ces réfugiés congolais du camp de Musasa (recrutés pour le match du 3 février 2018 contre l’équipe du FC Haleluya du président burundais) ou tout autre adversaire, on ne joue pas sans laisser le président marquer, dribbler et surtout rester « intouché » tout le match durant. L’équipe du chef doit toujours gagner !

Monsieur le président, je vous propose une remontada juridique

On connait tous la passion du président burundais pour les sports, surtout le foot. D’ailleurs, il a une licence universitaire en sports et l’enseignait même ! Malheureusement cette affaire vient ternir l’image populaire de son esprit sportif. Où serait donc parti l’esprit de sportivité de cet amateur de foot ? En tout cas, cela fait une semaine que ces administrateurs sont aux arrêts, et dans nos esprits la réputation du joueur fairplay qu’aurait pu être le président chute chaque jour davantage. Mais comme au football, avant le dernier coup de sifflet, il y a toujours de l’espoir. Imaginez la remontada que ferait le président s’il décidait de gracier ces personnes détenues ? Ce serait une vraie victoire pour lui, une victoire à la fois sportive et politique, une remontada à l’image de celle de Barcelone sur le Paris Saint-Germain !

 


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