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Liquidation de LAC : Charles meurt sans avoir touché son dû

Après avoir obtenu une bourse d’étude à l’Université libre de Bruxelles, Charles, jeune Congolais, revient au pays. La chance lui sourit, il est recruté pour travailler au sein de la Société nationale aérienne Air Congo qui par la suite deviendra Air Zaïre. Entre bonheur et calvaire, son parcours dans cette entreprise s’est très mal terminé.

En 1971, on est en pleine  deuxième République. Le jeune homme débute sa carrière au département administratif de Air Zaïre. Vers les années 80, la compagnie aérienne organise plusieurs destinations tant européennes qu’africaines. Air Zaïre connaît son ascension. Charles et ses collègues vivent leurs années de bonheur dans cette société. Un bonheur éphémère car, vers les années 90, le régime de Mobutu intensifie sa main mise sur la compagnie. Népotisme, favoritisme, malversation financière, pillage répété… L’entreprise tombe en faillite en 1995. Charles se retrouve au chômage.

Un nouveau régime politique s’installe en RDC en 1997, avec l’arrivée de Mzee Laurent Désiré Kabila. Aussitôt, comme c’est souvent le cas avec les autres institutions congolaises, Air Zaïre change de nom et devient « LAC », Lignes aériennes congolaises. C’est alors la descente aux enfers qui commence ! Les agents et cadres – dont Charles –  subissent les contraintes de la politique : suppression de primes et de certains avantages sociaux. Peu à peu, l’entreprise déjà en faillite est endettée jusqu’au cou.

Pour améliorer les conditions de travail et redresser le navire qui s’apprête à couler, les nouvelles autorités mettent en place des mesures drastiques qui ne plaisent pas aux employés. Il y règne désormais un climat d’hostilité entre les agents et leur nouveau comité de gestion, nommé sur influence politique. L’ambiance au sein de l’entreprise devient maussade, les agents ne viennent aux bureaux que pour avoir leurs salaires ; quand ils étaient versés !

Quand la politique prime sur l’intérêt des travailleurs

Charles tombe malade. Une maladie qui va de mal en pis. Sur son lit d’hôpital, il apprend que trois de ses collègues sont morts sans être payés et que leurs familles n’ont même pas touché le décompte final. Le pauvre ! Il craint que la même chose ne lui arrive ! Il garde espoir. Mais en 2014 une nouvelle tombe : LAC doit être liquidée pour payer ses dettes et trouver un éventuel accord avec les fonctionnaires. Charles et ses amis renoncent à leurs salaires pendant une certaine période, dans le but de sauver l’entreprise. Hélas, la décision politique prime sur les intérêts des travailleurs. LAC doit fermer ! C’est ainsi qu’est née Congo Airways, presque sur les cendres de LAC.

Aujourd’hui encore, bien que liquidée, la compagnie Lignes aériennes congolaises n’a jamais payé les décomptes finaux de plusieurs de ses agents et cadres, dont Charles. L’histoire nous a été rapportée par un membre de sa famille, car Charles est finalement décédé. Il est mort suite à une intervention chirurgicale qui aurait mal tournée faute de moyens… Mort sans avoir touché ce qui lui revient de droit. Sa famille orpheline n’a rien touché non plus. Elle se dit fatiguée d’écrire des lettres de toute sorte sans obtenir de suite favorable.

 


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Les commentaires récents (3)

  1. Article triste. Parfois il faut se décider de sortir de l’engrenage et créer sa propre voie en attendant que les.choses s’améliorent ailleurs

    1. vous ne pouvez jamais comprendre la souffrance de ces familles. l’avanir des agents de LAC ainsi que leurs familles sont tristes et incertains. La INSS n’a jamais assuré la vie des agents de LAC or ils contribuaient! c’est domage.

  2. c’est triste. nous avons vécu la même chose, mon père a été un salarié de l’ex Air Zaire avec de devenir LAC. il est mort depuis 2007 et il n’avait jamais touché ses arriérés de salaires et son décompte final. nous ses enfants, nous n’avons jamais eu notre argent. tous les gouvernements foutu qui se suivent n’ont jamais eu la volonté d’en finir avec ce problème.
    je pense qu’il faut maintenant saisir les instances de droit de l’homme ou la justice internationale peut enquéter sur cet affaire.