Twitter est un réseau social assez différent de tous les autres pour la qualité des débats qu’il suscite autour de l’actualité. Mais bien au-delà des tweets, les vrais débats se jouent dans les commentaires. En RDC, c’est un outil de communication très prisé par les politiciens et les gouvernants. On compte aussi quelques journalistes, leaders et activistes qui comptent plusieurs followers. Entre les querelles politiciennes, les derniers scoops dignes d’une comédie hollywoodienne, il n’a jamais manqué des propos tribaux, outrageants et à la limite racistes de certains abonnés.
A l’occasion d’un échange sous le tweet d’un journaliste congolais très suivi, une dame a essuyé des propos méprisants. Ne pouvons-nous donc plus critiquer les actions de ceux qui nous gouvernent ?
#RDC: Vers la désignation d'un informateur ? La cour constitutionnelle vient d'être saisie pour cette fin par un avocat qui, conteste la régularité de l'ordonnance présidentielle portant nomination de Sylvestre Ilukamba, au poste de premier ministre
— Stanis Bujakera Tshiamala (@StanysBujakera) June 1, 2020
La distraction de mauvais goût ou encore une strategie machiavelique de @fatshi13 croyant qu'il peut clouer ses alliés…wana ba jeux ya bana mike.🚶♀️
— Vanessa Bompemo. (@vbompemo1) June 1, 2020
Il faut aller intégrer le groupe de Kaleb! Ici, nous parlons politique!
— Alex MALALA (@AlexMALALA3) June 1, 2020
Des hommes machistes !
Tout est réduit au fameux adage « qui n’est pas avec nous est contre nous » interprété autrement. Mais le Congolais, c’est surtout celui qui désapprouve l’esclavagisme, s’indigne face à la maltraitance des noirs américains, rejette les pratiques coloniales, condamne le racisme et la xénophobie chez les autres, mais n’hésite pas, au nom d’une culture déphasée et d’une doctrine religieuse injustement interprétée, à soumettre la femme à cette autorité maritale qui n’a pas sa raison d’être. L’autorité est bien au-delà de simples injonctions, c’est surtout un engagement, une responsabilité… Notre société fabrique des hommes misogynes.
On ne peut pas échanger sur des préjugés contre son interlocuteur. Si c’était un homme, il allait commencer par « Mon frère… Mon cher… Monsieur… Papa… » Mais comme c’est une dame, il faut commencer par lui rappeler qu’elle ne « comprend » pas le message auquel elle répond. C’est quand même prétentieux, mais c’est ce qu’une bonne partie d’hommes pensent encore des femmes. Elles auraient du mal à comprendre, ou alors comprendraient avec un petit décalage certaines choses. En tant que citoyen, on a le droit de donner une opinion sur l’actualité de son pays, quelle qu’en soit la motivation.
Le minimum pour une personne qui pense autrement c’est d’abord de la respecter. La renvoyer à la cuisine est un message non seulement déplacé mais également négatif. Selon certains, la politique a ses experts, comme « le football », ce sont les hommes. Quant à la femme, c’est le ménage et le divertissement.
Ces deux clichés diffus sur la femme
Nous entendons presque tous les jours deux clichés en dehors de cette façon maladroite d’associer l’image de la femme à la cuisine. Il se raconte partout, et certains y croient, que les femmes réfléchissent par instinct. C’est censé nous dire quoi ? Que la femme n’a pas d’intelligence et ne saurait s’impliquer dans des exercices qui nécessitent la réflexion ?
Aussi, il se dit chaque jour qu’elles ne supportent pas les fortes charges et de grands risques. Même si ça peut paraître protecteur, cela a une finalité toute autre. La femme ne saurait avoir des projets trop ambitieux, courir derrière des grandes responsabilités, et pire, faire la politique où tous les coups sont permis.
Nous devrions tous nous défaire de certaines tares et adopter une attitude plutôt responsable dans notre vie en société, et les réseaux sociaux n’en sont que le prolongement. Soyons tolérants et ouvertes, surtout évitons les stéréotypes.