Préjugés et stéréotypes
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Préjugés et stéréotypes, des maux qui rongent la société congolaise

Dans l’est de la RDC, vivre ensemble est un enjeu prioritaire dans la société. De plus en plus de gens se méfient et s’accusent réciproquement. Par conséquent, les relations interculturelles impliquant les individus face à d’autres sont bourrées d’embuches et de soupçons. Pas facile donc pour certains de se rencontrer et de s’entendre.  

Les blogueurs du Nord-Kivu pensent que les préjugés et les stéréotypes comptent parmi les obstacles au développement et à l’épanouissement commun, car ils constituent des filtres entre les individus et bloquent ainsi les relations. Ces préjugés sont très ancrés dans la région. Mais comment comprennent-ils ces deux concepts et comment pensent-ils les combattre ? Pour Blaise Ndola, « tout part de simples images, de constats, de perceptions erronées, d’affirmations gratuites, de qualifications anticipées, etc… Et ça finit par mettre en place des idées admises sans démonstrations, des jugements faits à l’avance envers une personne (préjugés) ou tout un groupe (stéréotypes), limités dans leur portée par l’imaginaire. »

Un autre blogueur de Goma, Moustapha Mulonda, indique que « les préjugés et les stéréotypes sont des manifestations d’une mentalité collective qui l’emporte sur les analyses. Ils sont aussi à la base de l’insécurité dans l’est de la République démocratique du Congo ». Et d’ajouter : « Chez nous, plutôt que de considérer un individu sur base de ses atouts, on voit d’abord ses origines ethniques et cela dans tous les domaines de la vie : mariage, commerce, travail… Les compétences et les grades sont moins importants, on cherche à savoir de préférence la colline ou le village d’origine ! »

Le mieux-être de tous

De son côté, la bloggeuse Laetitia Kasongo estime que les préjugés et les stéréotypes engendrent le rejet et l’intolérance dans le pays. « Ils sont à la base même de ruptures dans plusieurs relations. Par exemple dans plusieurs villes du pays, une fille  »star » ou  »actrice de cinéma » trouvera difficilement un homme pour l’épouser parce que collectivement les gens pensent que fille populaire est synonyme de prostituée », explique Laetitia, rappelant que les gens jugent d’avance les autres en appliquant simplement une opinion imaginaire.

Joseph Tsongo, lui aussi blogueur, ajoute : « Les préjugés et les stéréotypes nous amènent à considérer nos proches, non pas comme une opportunité, mais souvent comme une menace. À cause des préjugés, nous privons les gens de leur identité la plus précieuse en disant par exemple que  »untel est Rwandais » alors qu’il est Congolais. » Blaise Ndola relève le danger des préjugés : « Ils sont pour beaucoup dans les guerres et les conflits identitaires dans la région du Kivu… Et c’est visible parce qu’en temps de conflits, les individus ne s’identifient qu’à travers leurs ethnies. »

Cependant, comprendre les préjugés et les stéréotypes ne suffit pas, il faut les déconstruire à temps, prévient le journaliste Charly Kasereka. « On doit cohabiter, interagir et restaurer la confiance entre les gens en se passant des accusations sans fondement […] Il est temps de vivre ensemble dans ce multi-ethno-culturalisme pour le mieux-être de tous », conclut-il.

Billet collectif rédigé à l’issue d’une formation sur la déconstruction des préjugés organisée à Goma du 6 au 7 juillet 2018 par Habari-RDC.

 


Vous pouvez relire sur Habari RDC : Kinshasa dit non aux préjugés

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