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Les conflits ethniques et tribaux brisent des mariages

Lors des conflits ethniques et régionaux ayant opposé les Kasaïens aux Katangais en 1993, des couples se sont séparés. Des mariages interethniques qui semblaient pourtant soudés.

Fanny, d’une ethnie du Katanga, une cinquantaine d’années, vit avec l’un de ses deux enfants que lui a laissé son mari originaire du Kasaï. Ce fut son « cadeau » lors de leur divorce sur fond de régionalisme sans précédent. Son récit est émouvant. « Je n’avais qu’une vingtaine d’années quand nous nous sommes séparés avec mon mari », explique-t-elle.

Fanny est passée par des moments très durs, elle en est même arrivée au point de se faire embaucher comme « domestique pour nourrir son fils » et aider d’autres personnes à sa charge. Grâce à une embauche à la loterie nationale, le Paris mutuel urbain (PMU), la jeune femme a pu retourner faire des études.

« Je me débrouille bien dans la vie. Quant à mon fils, il est parent. Même s’il arrivait que mon ex-mari revenait pour qu’on se remette ensemble après multiple pardon, je ne l’accepterais plus parce que je comprends qu’il ne m’avait jamais aimée », jure-t-elle. Fanny ne comprend pas que son ami l’ait quittée au premier conflit tribal et ethnique, qui du reste, ne l’impliquait pas en tant qu’épouse. « Il y a des couples qui vivent unis jusqu’alors malgré la différence de tribu », fait-elle observer, d’un air choqué.

Vengeance tribale, mais quelle toxine !

Mais Kasongo, une cinquantaine d’année, séparé de sa femme lors des événements de 1993, garde encore fraîche en lui la douleur du divorce. « J’ai supplié ma très chère femme de rester auprès de nos enfants et de moi-même. Car la différence de tribu importait peu pour moi. Mais elle a refusé catégoriquement. Elle m’a abandonné. Plus tard, j’ai appris qu’elle s’était remariée à un pêcheur à Kalemie et qu’elle a même eu un enfant de lui. La situation s’est améliorée, mon épouse n’est pas revenue comme promis, et moi je suis resté fidèle à elle ».

Voilà qui a mis en colère cet homme, et attisé en lui une terrible vengeance. Il explique avoir mis en marche « tous les moyens », pour la faire revenir à la maison et se « venger de son infidélité ». L’ancienne épouse revint chez lui. « A son arrivée, explique-t-il, j’ai décidé d’aménager une autre chambre pour elle, je ne ressentais plus aucun sentiment d’amour. » Maltraitée, la femme mourut malade.

Tristes histoires. Aujourd’hui, Kasongo n’est pas non plus heureux : sa vengeance ne l’a pas nourri. Comme pour Fanny, il est vrai que le tribalisme, l’ethnisme et tout ce qu’ils causent, durent plus longtemps et causent plus de dégâts que la soif de pouvoir politique qui les attise.

 


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