Qui décide du sort de ses enfants à la députation ou à la présidence de la République ? En Afrique on croit que c’est Dieu et Dieu seul qui donne le pouvoir. Pas étonnant qu’au Burundi et en Côte d’Ivoire, les présidents Nkurunziza et Gbagbo aient fait croire que c’est Dieu qui les a désignés.
En RDC, d’étonnantes prophéties ont plusieurs fois annoncé « un grand président Kabila dans un Congo prospère ». Alors que le mandat du chef de l’État a expiré depuis 2016, un de ses conseillers déclarait clairement que Dieu n’en a pas encore fini avec le président Kabila. Mais maintenant que Kabila a décidé de se retirer à l’issue des élections de ce mois de décembre 2018, curieusement on n’entend plus de telles prophéties circuler !
La grâce de Dieu coule encore. Non pas sur son peuple directement, mais sur ses saints fils présidents et candidats. Ainsi, c’est sans surprise que vous découvrez sur You Tube, cette vidéo où une jeune dame explique qu’en 2018 Dieu a choisi le candidat Shadary pour la RDC.
Recourir à la religion pour mobiliser
Au Mali, par ailleurs, ce n’est pas trop le bon Dieu seul, mais les marabouts qui séduiraient le président IBK. « Je ne crois pas qu’il soit musulman, mais on le voit arborer des insignes de l’islam », déclare un ami malien à Bamako. N’est-ce pas que tout ce qui touche à Dieu paie bien en politique ?
On sait pourtant que Dieu n’a jamais été dans un bureau de vote. Personne ne l’a jamais vu ni entendu dire à Kabila ou à un de ses prophètes, à Nkuzunziza ou à Gbagbo, qu’il les a désignés pour la présidence de la République. Seuls eux ou leurs prophètes nous le disent. Mais que le bon Dieu nous le dise à nous aussi, non ?
La religion au-dessus ?
Le discours religieux en réalité, y compris sur Internet sert davantage à mobiliser les populations qui progressivement se détournent du discours politique. C’est vraisemblablement à cause de la pauvreté, et de nombreuses promesses non tenues par des politiciens en Afrique. Plus les religions et les églises évangéliques prêchent la prospérité économique, plus les gens vont à elles. Les politiques, de l’opposition ou du pouvoir, l’ont presque tous bien compris. On voit le candidat Fayulu embrasser le sol, comme le pape Jean-Paul II, chaque fois qu’il atterrit dans une ville où il va battre campagne. Par contre Shadary, Tshisekedi, et beaucoup d’autres candidats à la députation ne mêlent pas Dieu dans leurs affaires pour rien.
Mais pour certains candidats, se montrer croyant paie. Et c’est de la manipulation dans la plupart des cas. Je crois personnellement que Dieu, dans sa grande bonté, ne peut choisir une personne contre les autres. S’il avait un jour le temps de le faire, il lui donnerait les moyens de faire plein de bonté à son peuple. Puisqu’à travers cette personne, Dieu agirait. Or, on sait que beaucoup de dirigeants africains ne sont pas sur cette voie-là. Celle de la bienfaisance, de la bonté. Faut-il conclure ? Non. Comprenez simplement que Dieu doit être tenu loin de nos campagnes électorales et des discours des politiciens. Laissez Dieu tranquille.