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Eglise vs Etat congolais : l’heure de la réconciliation ?

L’Eglise a encore gagné, pourrait-on dire. La ville de Lubumbashi depuis le début du weekend se préparait à la célébration des 25 ans de vie épiscopale de Monseigneur Jean-Pierre Tafunga, archevêque métropolitain de Lubumbashi. Et les politiques se sont pressés à ce rendez-vous.

Alors que la peur flottait sur Lubumbashi, la cérémonie a vécu et le succès a suivi. Et pourtant, méfiants face à ce qui pouvait être l’orientation de cette messe, des membres du pouvoir ont répondu à l’invitation de l’Eglise. Ramazani Shadary, vice-Premier ministre et ministre l’Intérieur a représenté le chef de l’Etat, Joseph Kabila. Il était aux côtés du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, du ministre du Portefeuille, du gouverneur de province, du président de l’Assemblée provinciale du Haut-Katanga, etc. Une vraie surprise pour ceux qui n’y croyaient pas, une autre victoire pour l’Eglise. Et si le cardinal Laurent Monsengwo ne pouvait y être, le secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), Donatien Nshole, était là et représentait son président Monseigneur Marcel Utembi.

Au cours de cette messe, des allocutions ont été prononcées mais sans enjeux politiques, contrairement aux attentes. Les redoutables laïcs catholiques n’ont rien dit, les prêtres et la Cenco non plus. Preuve que la célébration était bien rodée pour ne pas énerver les politiques.

Une célébration teintée de spéculations

Mais l’Abbé Nshole a pu quand même placer un mot : « Rechercher ce qui est beau, ce qui est noble, et rejeter ce qui est indigne des chrétiens. » Et d’ajouter, s’adressant aux fidèles laïcs : « Vous avez reçu la vocation d’être au service de la réconciliation et de la paix. » Comme pour dire : le militantisme n’est pas votre boulot. Et l’hôte du jour a salué « les autorités provinciales pour leur implication dans l’organisation et la réussite de cette célébration ». Au jubilaire, Mgr Tafunga, d’ajouter : « Notre pays a été au bord de l’implosion à cause des injustices criantes ou des envies de richesse dont nous sommes victimes, et à cause d’une gestion peu équitable de la chose publique. » Est-ce un message envoyé ?

Samedi 3 février 2018, comme durant toute la semaine, les lieux de commémoration se mettaient en ordre. C’est alors qu’une présence particulière de la police en a surpris plus d’un autour du stade Mazembe la veille de la grand-messe. Mais, pas de peur ! Ce dimanche 4 février, alors que nombreux sont ceux qui craignaient que la politique l’emporte sur le programme de l’Eglise, les fidèles engagés n’ont pas hésité à se rendre au stade. Et la présence policière n’a pas pu contenir leurs ardeurs. Un stade plein et des fidèles placés tout autour devant des écrans géants. Il y avait de l’engouement et des spéculations.

Peur, mais pourquoi ?

Particulièrement attendue au rendez-vous, la présence de l’actuelle bête noire du pouvoir, l’archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo faisait redouter le pire. Mais l’homme n’est pas venu, pour des raisons que les fidèles ignorent, malgré les spéculations. « Un ouf ou un flop ? Je ne sais pas, mais en tout cas, c’est tant mieux car sa présence serait source de tension », nous a confié un fidèle sur place pendant les derniers préparatifs.

Pour l’Eglise, le silence du maire de la ville a été autrement interprété. « Qui ne dit mot consent. Nous allons fêter comme prévu et nous verrons ce qu’ils feront, s’ils sont encore prêts à tuer le peuple. Leur silence est aussi une réponse. D’ailleurs, on ne pouvait que les informer et on l’a fait », a renchéri le fidèle.

 


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