Épouses de présidents : première dame n’est pas une carrière

De Marie-Olive Lembe, épouse de Joseph Kabila, à Denise Nyakeru, épouse de Félix Tshisekedi, être première dame est visiblement très producteur d’argent en RDC. On croirait en une carrière spontanée qui fait de l’épouse du président une championne de la charité. Mais moi, je redoute une fuite de capitaux derrière une philanthropie démesurée. 

Les deux épouses de présidents congolais se sont montrées particulièrement philanthropiques. Chacune, derrière sa fondation, se rend parfois plus populaire que son époux, le président lui-même, jusqu’à lui voler la vedette. Pourtant, aucune d’elles n’a un emploi connu.

Épouse du président, ce n’est pas un métier

Il n’y a qu’en Afrique, à ma connaissance, où les premières dames sont divinisées. Une mystification qui fait d’elles des intouchables avec un traitement digne d’un chef de l’Etat. Pourtant, Denise Nyakeru Tshisekedi reconnaît que son rang de première dame n’est pas une fonction.

« La première dame n’a aucune fonction. Elle est la femme du chef. Je suis là pour l’accompagner », avait-elle affirmé sur la radio kinoise Top Congo, selon Leganews.cd. Tant mieux comme elle en a conscience. Mais visiblement, ce n’est qu’une parole en l’air.

Ouvrons les yeux sur les deniers publics

On le sait, le muntu est un humaniste caractérisé par une générosité légendaire, faisant constamment attention aux difficultés de son prochain. Mais si par hasard il se sert des moyens qui ne sont pas les siens ou mal acquis, il est considéré comme ayant trahi les valeurs humanistes promues par l’Afrique.

Je me demande alors si les seules donations extérieures suffisent à expliquer les actions des premières dames congolaises. Sinon, j’appelle « la première d’entre les congolaises » à nous parler des financements de sa fondation. En tout cas, je redoute des actions favorisant une fuite des capitaux. Je suis donc d’accord qu’on trace une marge claire entre l’état et les individus.

Je ne méprise pas ce statut de première dame. Mais, un individu qui construit et offre des écoles et hôpitaux à la République devrait clairement justifier ses ressources. En plus, ce sont des dons portant leurs identités. Une première dame congolaise serait-elle plus puissante que la République ? Les premières dames d’autres pays ne sont pas moins généreuses ni moins riches que les nôtres.

Malheureusement, aucune règlementation n’existe en RDC sur le statut de la première dame. Ce qui ouvrirait un large champ à des actions relativement louches. Or, les pays les plus avancés et qui ont commencé avec le concept de « première dame », ont su légiférer à ce sujet.

Vous avez promis la transparence…

Allons-y sur la voie de la bonne gouvernance comme promis par le pouvoir en place. Denise Nyakeru Tshisekedi a promis de publier les comptes de sa fondation après un an d’existence, assurant de ne pas utiliser les fonds de la République. J’espère que ça arrive bientôt et sans détours. Ce serait un pas de géant dans la transparence.

Mais quoi qu’il en soit, les premières dames congolaises s’affichent comme des opportunistes. D’anciennes inconnues qui se font des millions et deviennent des stars pour avoir eu la chance d’épouser des hommes devenus présidents. Alors que dans d’autres états, une première dame est souvent dans l’ombre du boss, son époux.