Les malewa (restaurants de fortune) sont prisés par tous les Kinois. D’habitude, ce sont les femmes qui tiennent les malewa. Mais depuis un temps, les hommes se sont lancés dans ce job et ça marche.
Dans la commune de Ngaba, trois hommes ont décidé d’ouvrir un restaurant malewa, malgré les critiques de ceux qui pensent que c’est un travail de femmes.
La devanture du restaurant de « papa » Paulin et ses frères
C’est quoi un malewa ?
N’allez pas chercher l’explication dans votre dictionnaire français. Ce n’est pas un mot français, ni un anglicisme. C’est plutôt un néologisme du lingala (langue parlée à Kinshasa et dans d’autres provinces du pays).
Malewa est donc un mot lingala que les Kinois utilisent pour désigner les restaurants de fortune qui pullulent dans la capitale. Il s’agit de ces petits restaurants où l’on se fait servir un repas simple et peu coûteux avant de continuer son chemin. Pour créer un malewa, il suffit de trouver un espace libre dans la rue, d’y placer un brasero ou un barbecue, des marmites et de savoir cuisiner. Parfois certains malewa ont pour murs quatre rideaux ou même un parasol. Les clients n’en ont jamais honte : ils viennent y manger allègrement.
Vous trouvez ce genre de restaurants dans toutes les communes de Kinshasa. La plupart sont tenus par des femmes que les clients ont surnommées « maman Loboko » (maman la main) ou encore « mère supu » (la mère de la soupe).
À Kinshasa, un groupe d’hommes s’est récemment invité dans ce business. Il s’agit de papa Paulin et ses amis. Eux aussi ont créé leur malewa.
Un compagnon de papa Paulin en train de servir un client, pendant q’un autre sort du malewa après son repas
De Mbuji-Mayi à Kinshasa
Paulin Mulumba, Ema Tshiunza et Patient Ntumba ont commencé ce métier à Mbuji-Mayi. Arrivés à Kinshasa à la recherche du bonheur et de la fortune, les trois frères découvrent que la vie n’y est pas si facile. Finalement, ils décident de retourner au métier qu’ils connaissent le mieux : la cuisine de malewa. Dans la commune de Kinshasa où ils vivent, ils ont loué un appartement. Avec quelques braseros, trois grosses casseroles et assiettes achetées, les voilà chefs d’entreprise, ou plutôt chefs de malewa.
Deux mois après, ils ouvrent un autre malewa, cette fois dans la commune de Ngaba, sur l’avenue de l’Université. C’est là que nous les avons trouvés en plein boulot. « Nous avons commencé ce métier à Mbuji-Mayi. Ici dans la capitale, nous avons déjà un restaurant dans la commune de Kinshasa. Maintenant nous sommes ici à Ngaba depuis deux mois », explique papa Paulin assez heureux.
Papa Paulin entrain de préparer « la boule nationale » (le foufou) ou pâte de maïs. Son compagnon aromatise la sauce
Seulement voilà, nombreux pensent que des hommes comme papa Paulin et ses amis ne devraient pas faire un métier de malewa considéré comme propre aux femmes. Mais papa Paulin ne l’entend pas de cette oreille : « Nous n’avons jamais honte, dit-il. Nous avons beaucoup de clients hommes et femmes. C’est grâce à eux que nous continuons à croire en ce que nous faisons. Ce business nous permet de vivre dignement et de payer les études de nos enfants. Pourquoi en aurions-nous honte ? ».
Patient Ntumba, un compagnon de papa Paulin, en train de préparer les fretins
Malgré leur motivation pour ce boulot, ils sont tout de même dérangés par des difficultés, telles que les coupures intempestives du courant électrique, mais aussi le manque d’eau courante dans la ville. Chaque jour, ils sont contraints d’utiliser les charbons de bois qui coûtent cher. « Notre plus grande difficulté c’est l’eau et le courant. On ne peut pas bien travailler sans ces deux choses », se plaint papa Paulin. Et d’ajouter : « Gouvernement atalela biso likamb’oyo (que le gouvernement résolve pour nous ce problème) », plaide-t-il comme la plupart des Kinois.
Espérons que ce cri d’alarme trouvera une réponse du gouvernement. En attendant, je vous laisse assouvir votre faim avec le foufou cette « boule nationale » cuisinée par l’équipe de papa Paulin.
Le foufou préparé par papa Paulin et prêt à être consommé.
Article intéressant qui m’en apprend mieux sur la gestion des malewas. Merci