Le président Félix Tshisekedi est arrivé à Lubumbashi vendredi 12 avril 2019. Première visite officielle du nouveau président dans la capitale mondiale du cuivre et du cobalt. Des minerais dont beaucoup de Congolais comme moi ne savent pas en réalité à quoi ils servent. Mais je ne savais pas qu’il fallait être en veste pour voir le président.
Le samedi 13 avril, soit un jour après l’arrivée du président Tshisekedi à Lubumbashi, je suis dans une équipe des leaders de la société civile devant être reçus par le président. Ils tiennent à demander au chef de l’État que cessent l’impunité, la corruption et l’insécurité qui mettent en péril la paix sociale et l’économie de la région. Par exemple ce dernier temps à Lubumbashi, on ne parle que d’une chose : les vols massifs, avec viols et tueries.
En chemise parmi des gens en costume
A 17 h00 locales, le président doit nous recevoir. Nous nous dépêchons. Je fais partie de la délégation et je suis bien dans ma peau ! En plus, je suis le plus jeune parmi une dizaine d’aînés quinquagénaires. J’ai bien apprêté mon bloc-notes, un Smartphone et un stylo. Réflexe journalistique ! Nous nous approchons du bureau où le président reçoit, au gouvernorat du Haut-Katanga. « Toi, tu viens voir le chef de l’État en chemise ? », m’apostrophe un monsieur. Puis un autre renchérit : « On ne te laissera pas entrer comme ça. »
De toute notre délégation, je suis en effet le seul à être là sans veste. Parmi les hommes, faut-il le préciser, car deux femmes n’en n’ont pas non plus. Elles sont habillées en libaya, une sorte de blouse en pagne devenue, par on ne sait quelle alchimie, symbole de féminité africaine. Mais… Bon, je ne juge pas leur pagne ! Je me dis que je ne suis quand-même pas sans habits. Ma chemise, bien blanche et bien repassée, c’est pas mal. Je ne peux accepter de sortir mal vêtu…
Finalement, comment se présenter devant le président ?
La question m’est posée mais je ne peux répondre. Pourtant, ce reproche entame la confiance que j’ai en moi-même. On a beau être indifférent et opiniâtre contre les costumes, mais on finit par avoir tort et paraître ridicule. En tout cas, moi, avant de sortir de ma maison, j’avais décidé de ne pas porter de veste. Oui. C’est peut-être de la folie. Un manque de considération, me dirait un « mouvancier » lambda, ou simplement un sacré conformiste. Mais, dites-moi, pourquoi on ne verrait pas son président en portant simplement et bonnement une chemise, ou même un t-shirt ? Et pourquoi pas même « dévêtu » ? Ce n’est pas exagéré ! Est-ce à dire qu’il faut être absolument chic et présentable pour voir son président ? En d’autres termes, privilégier la forme au lieu du fond ? Le président est-il président seulement pour ceux qui ont de beaux habits devant lui ? Les mal-fringués n’ont-ils pas eux aussi le droit de le voir? Et s’Ils sont incapables de se payer des fringues bling-bling, est-ce leur faute ?
Non, assez trop bien habillés, Congolais !
Je refuse de jouer le jeu des flatteurs. Oui, c’est trop flatteur et même hypocrite ce penchant congolais à faire forte impression par l’habillement. Je refuse. Si un jour le président accepte de me recevoir, où que ce soit, je serai en chemise. Peut-être même en t-shirt. S’il refuse, j’irai regarder un film. Bref, je souhaite que dans mon pays, la RDC qui a déjà assez d’urgences, on se penche sur les vrais problèmes. Mieux ou mal se vêtir, ce n’est pas cela qui développe ou « sous-développe » notre pays. Il faut savoir écouter ce que les gens vous disent plutôt que regarder comment ils sont habillés. Je ne crois pas que cela soit vraiment un ordre du président que seuls les mieux vêtus le voient. C’est simplement l’œuvre du conformisme ridicule congolais.
Finalement, nous n’avons même pas été reçus. Le protocole attendait des musiciens, à l’heure. On n’était pas enregistrés. Je suis plus simplement reparti, sans veste sur moi, que mes chers aînés très « endimanchés » comme on le dit à Lubumbashi.
sérieusement l’avenir de ce pays m’inquiète
Il faut étudié dans la vie être compréhensif
Ce n’est pas la tauge qui fait la magislature mais c’est la tête
Il faut étudié dans la vie être compréhensif
Ce n’est pas la tauge qui fait la magislature mais c’est la tête