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Ministre Oly Ilunga : « Si Ebola devient incontrôlable, il menacera tout le monde »

En 2018, le ministre congolais de la Santé, docteur Oly Ilunga, a accordé une interview à Habari RDC sur l’évolution de l’épidémie d’Ebola qui sévit dans l’est du pays. Pour Oly Ilunga, « ce n’est pas l’arsenal médical qui permettra de mettre fin à l’épidémie, mais plutôt l’engagement de tous à respecter les mesures d’hygiène et les recommandations sanitaires ». Autrement, prévient le ministre, l’épidémie touchera « tout le monde ».

Docteur Oly Ilunga répond aux questions du blogueur Richard Ndambo de Habari RDC.

Habari RDC : Pourquoi l’épidémie d’Ebola en cours, la 10e de l’histoire de la RDC, semble durer plus longtemps et toucher plus de monde ?

Docteur Oly Ilunga : Cette épidémie est la plus complexe et la plus imprévisible de l’histoire du pays et de la santé publique en général. Sa particularité c’est notamment l’environnement dans lequel elle a lieu. Une zone, le Nord-Kivu, avec une forte densité de la population, vivant à la fois en milieu rural et urbain, et qui bouge beaucoup. Il y a aussi le facteur sécuritaire, et enfin le contexte électoral qui a rendu la tâche de la communication et de la sensibilisation beaucoup plus difficile et plus complexe.

On a signalé des poches de résistance face aux stratégies de riposte mises en place. Concrètement, qu’est-ce qui a été fait pour résoudre ce problème ?

La réticence est un phénomène naturel. Pour y remédier, il faut d’abord une attitude de compréhension, ensuite renforcer la sensibilisation de toutes les couches de la société. Nous avons impliqué les autorités administratives, coutumières et religieuses, les associations de la société civile, etc. Il y a des résultats palpables, des enquêtes qui ont été réalisées récemment montrent que près de 90% de la population adhèrent maintenant à la riposte.

Que devraient faire ceux qui vivent dans les zones touchées pour participer à cette lutte ?

Ils doivent prendre conscience que c’est une maladie réelle, mortelle et extrêmement contagieuse, et que si elle devient incontrôlable, elle touchera tout le monde. Ce n’est pas l’arsenal médical qui nous permettra de mettre fin à cette épidémie, c’est plutôt l’engagement de tous dans la communauté, la prise de conscience et l’adhésion spontanée au respect des mesures d’hygiène et recommandations sanitaires.

Pourquoi ne pas faire appel à l’expertise étrangère pour mettre fin à cette épidémie, comme l’ont proposé certains candidats à la présidentielle lors de la campagne électorale ?

Il faut savoir que cette riposte est internationale, sous le leadership du ministère de la Santé publique, autour des professionnels de santé et experts congolais. L’OMS, le CDC d’Atlanta et presque toutes les agences internationales sont présents. Je crois peut-être qu’il y a de leur part un déficit d’information.

La Céni avait décidé de reporter les élections à Beni et Butembo à cause de cette épidémie d’Ebola. Ce report était-il justifié ?

Organiser les élections n’est pas notre rôle. Nous sommes un ministère technique et notre principale mission est d’organiser la riposte contre l’épidémie et de faire des recommandations sur les mesures d’hygiène à chaque fois qu’il y a des réunions publiques.

Pourquoi la Céni n’a-t-elle pas pris en compte vos recommandations, notamment le lavage de mains devant chaque bureau de vote ?

Je ne suis pas membre de la Céni. Je crois qu’elle a pris la décision en âme et conscience, en fonction des informations dont elle disposait et après avoir évalué les risques.

Est-il possible que l’épidémie prenne fin dans 3 mois ?

Ça, personne ne peut le dire.

Alors, à quand la fin de cette épidémie selon vous ?

Nous pensions, jusqu’à la semaine dernière, que l’épidémie durerait encore 3 à 4 mois, mais avec les différentes manifestations de la population, nous avons dû arrêter les activités de riposte. Nous avons pris du retard par rapport à l’épidémie. Elle durera encore certainement 5 à 6 mois. Il faut savoir que chaque fois qu’il y aura une interruption des activités, il y aura indéniablement un impact sur la durée de l’épidémie.

Quel est votre message à la population congolaise ?

Mes meilleurs vœux à toute la population congolaise. J’espère que cette nouvelle année marquera la fin de cette épidémie. Je souhaite qu’en 2019 l’unité et la collaboration, surtout avec les équipes de riposte, soient le maitre mot.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. pour aboutir à un résultat meilleur concernant la lutte contre les epidemies qui dramatise lnotre pays, il nous faudra l’esprit d’equipe entre personnels soignant et malade par biais des la diffusion des info et organisation de campagne de lutte contre ces drames . faisons confiances aux medecins congolais .