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[Interview] Monseigneur Fridolin Ambongo : « L’Eglise se place toujours du côté du peuple »

Quelques jours après sa nomination en tant qu’évêque coadjuteur de l’archidiocèse de Kinshasa, Monseigneur Fridolin Ambongo, évêque de Mbandaka Bikoro a accordé une interview exclusive à Habari RDC. Dans cet entretien, le prélat catholique explique que sa nomination n’est pas une tentative de ralentir la vitesse du vent de contestation qui souffle depuis les paroisses catholiques de la RDC, en vue d’appeler au respect intégral des accords signés le 31 décembre 2016 par la classe politique congolaise.

Habari RDC : Monseigneur Fridolin Ambongo, vous avez été désigné pour remplacer le cardinal Monsengwo, quelle a été votre réaction à l’annonce de cette nomination ? 

Fridolin Ambongo : Ma réaction globalement, c’est la conscience de la modestie de ma personne, la petitesse de ma personne face à une charge si grande, si importante et délicate dans le contexte actuel de l’histoire de notre pays. Mais en même temps, je me dis que c’est le Seigneur qui appelle. Puisqu’il m’a appelé, il me donnera aussi la grâce et les moyens nécessaires pour assumer cette charge.  

Certains observateurs de la situation de la RDC estiment que votre nomination est une réponse du Vatican à la prise de position du cardinal Monsengwo dans la crise politique actuelle. Allez-vous poursuivre son action ?

D’abord, le travail fait par le cardinal Laurent Monsengwo n’est pas un travail à lui, comme un politicien qui exécute son programme politique. Il est pasteur et le rôle du pasteur est de suivre le Christ. Le cardinal n’a fait que suivre et appliquer la mission du Christ, comme ses prédécesseurs l’ont fait avant lui. Evidemment, moi, quand j’arrive et le moment viendra si le Seigneur me donne la grâce de lui succéder, c’est la même mission de Jésus-Christ, la mission d’évangélisation que je continuerai à mettre en application comme l’a fait Laurent Monsengwo.

Le gouvernement congolais accuse l’Église catholique de violer l’accord-cadre entre le Vatican et le gouvernement congolais en prenant position dans la  crise actuelle. L’Église catholique de RDC a-t-elle le soutien du Saint-Siège dans son engagement actuel ? 

Tout d’abord, il faut que je précise ici que l’accord-cadre entre le Vatican et la RDC n’a pas encore été ratifié. Donc je ne vois pas comment on peut parler de violation d’un engagement qui n’a jamais été ratifié par les signataires. Concernant le soutien du Vatican à l’Eglise catholique du Congo, je voudrais souligner que quelques jours après ma nomination en tant qu’évêque coadjuteur de Kinshasa, j’ai été reçu par le Saint-Père accompagné du président de la Cenco, Monseigneur Marcel Utembi. Au cours de notre entretien, le pape n’a rien reproché à l’Eglise du Congo, mais a plutôt témoigné de son soutien aux laïcs comme à tout l’épiscopat et a même souligné que le Saint-Siège accompagnera toute démarche de l’Eglise par la prière. Notre hiérarchie soutient totalement nos actions à travers la nonciature.

Alors que vous avez pris part à la facilitation des négociations ayant abouti à l’accord de la Saint-Sylvestre en 2016, vous avez annoncé que la Cenco pourrait appliquer le plan B. Est-ce que les actions du CLC font partie de ce plan B ? 

Je ne sais pas dire si les actions des laïcs font partie du plan B, mais je précise que les laïcs ont suivi l’esprit de la lettre des évêques intitulée « Le pays va mal, debout Congolais ». Et la finalité de toute cette pression, c’est la tenue des élections selon les prescrits de l’accord de la Saint-Sylvestre.

Les actions du CLC semblent être concentrées sur la ville de Kinshasa, pensez-vous pouvoir faire adhérer les autres évêques de l’intérieur du pays aux futures marches du CLC ? 

Les activités du Comité laïc de coordination sont gérées par le Conseil de l’apostolat des laïcs catholiques du Congo (CALCC), une structure autonome de l’Église catholique. C’est donc dans les prérogatives de chaque CALCC d’appeler les fidèles à manifester dans chacune des paroisses. Et tous les paroissiens sont instruits des dispositifs à prendre s’ils sont sollicités par cette structure. 

Aujourd’hui l’opinion publique pense que l’Église catholique est plus proche de l’opposition que du pouvoir. Pensez-vous à un rapprochement avec le régime actuel dans la recherche de la solution à la crise et quel doit être votre appel au gouvernement congolais ? 

L’Eglise catholique n’est pas du côté de l’opposition et ne cherchera pas à se rapprocher d’un bord politique quel qu’il soit. Comme le souligne clairement sa mission, l’Eglise se place toujours du côté du peuple. Quant au message aux autorités de la RDC, je les appelle à écouter les cris de détresse de la population. Cette population qui n’exige autre chose que le respect de prescrits de l’accord de la Saint-Sylvestre et qui attend de bons signaux pour espérer s’exprimer librement et avec toute transparence lors des élections prévues à la fin de l’année.

 


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