C’est souvent à coup de disputes et d’empoignades que vous pouvez décrocher une place assise à bord d’un taxi à Kinshasa. L’agilité, la souplesse, la concentration sont des atouts pour prendre part à ce qui est devenu un vrai sport aux arrêts de bus. Pour vous aider, un jeune vous lance cette expression : « Okabaka oye », et vous propose une place à bord moyennant un ou deux billets de francs congolais.
La pratique est une pure invention des chargeurs et des badauds pour vous éviter de vous mêler à des bousculades qui peuvent vous salir les habits. Ça se passe souvent le soir lorsque des endroits très fréquentés comme le rond-point Victoire grouillent de monde et que les transports en commun sont rares. Toutes les artères menant à ce carrefour très mouvementé de la capitale sont embouteillées, les arrêts bondés de monde en attente.
A ce moment-là à la moindre arrivée d’un bus, nous assistons à des scènes qui ressemblent à une bagarre généralisée. Il faut user de ses muscles et de ses coudes pour se frayer une place à bord. Il n’est pas surprenant de se faire assener un coup par mégarde ou de se faire marcher dessus. C’est alors que j’entends à côté de moi : « Nmiata muninga senga pardon », en français « piétine ton voisin mais demande-lui pardon ».
A cette occasion, les mauvaises surprises sont fréquentes. Entre le fait de faire face à ces bagarres au quotidien et payer un peu d’argent à un « chargeur » pour s’offrir tranquillement un siège à bord d’un bus, le choix est clair.
Les usagers sacrifiés
Pour contourner ces bousculades et éviter tous les désagréments qu’elles occasionnent, un petit business pas catholique s’est créé là-dessus. Le principe est simple : lorsque s’immobilise un taxi, un homme accourt, s’empare de la portière du siège passager avant faisant obstruction à toute entrée désordonnée. Il exige alors de l’argent pour céder le siège. Seul le plus offrant gagnera la place. Et l’homme est là à crier : « Okabaka oye ! Okabaka oye ! », faisant ainsi appel à ceux qui sont prêts à débourser un peu d’argent pour bénéficier du privilège de ne pas être bousculés. L’affaire se négocie sous le regard impuissant des chauffeurs et des agents de l’ordre. Ces jeunes empochent entre 200 et 300 FC voire même 500 par individu embarqué.
Les autorités doivent s’attaquer à cette supercherie qui n’est à mes yeux qu’un enrichissement sans cause. En plus, cette pratique rend un peu plus onéreux le trajet en taxi, au grand dam d’une population déjà durement affectée par le récent réajustement de la grille tarifaire du transport en commun.
Le transport public dans la capitale congolaise demeure un problème qui nécessite une réponse structurelle pour mettre les Kinois à l’abri de ces pratiques qui abusent de leur position de faiblesse. Il y a lieu de migrer vers d’autres modes de transport beaucoup plus modernes dans cette mégapole d’environ 12 millions d’âmes. Moi, je rêve d’un métro kinois !
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