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Toujours pas le grand amour entre policiers et robots-roulage

Comment vivent les policiers de roulage depuis l’avènement des robots-roulages tant enjôlés par tout le monde dans les rues de Kinshasa ? Se sentent-ils menacés dans leur métier ? A cœur ouvert, un policier de roulage nous parle de ce qu’il pense de ces robots inventés par la Congolaise Thérèse Kirongozi. C’est sous un soleil accablant que nous le rencontrons au repos, près de son lieu de travail. Il est disposé volontiers à répondre à nos questions. Vu son ouverture d’esprit, je suis passée directement aux questions qui fâchent. Heureusement, j’en suis sortie indemne.

Habari RDC : Le gouvernement a-t-il  financé le projet de robot-roulage ou priorisé l’amélioration de vos conditions de vie ?

Policier : Depuis plusieurs années, nous nous plaignons de nos conditions de travail. Nous ne sommes pas bien équipés ; nos tenues de travail sont en piteux état. Nous sommes souvent contraints de prendre de force un motard pour rattraper un chauffeur en délit, parce que nous n’avons pas de moyens de déplacement. Avec un salaire qui ne nous permet pas de joindre les deux bouts, nous sommes obligés d’avoir souvent la main tendue aux chauffeurs pour trouver de quoi nourrir la famille… Ainsi, voir le gouvernement financer un projet de robot-roulage qui vaut des milliers de dollars (10 000 à 14 000 dollars par robot-roulage) et nous garder dans la même situation, c’est égoïste et inhumain. Le projet de robot-roulage est important, mais il ne doit pas remplacer nos besoins fondamentaux qui sont réels.

Vous sentez-vous remplacés par ces robots-roulage dans votre travail ?

Non. Mais malgré toutes ses qualités, les robots-roulage ne peuvent remplacer les policiers de roulage. Certes, ils sont dotés d’une caméra, mais lorsqu’il y a une infraction ou un accident, le robot roulage ne sait pas intervenir pour rétablir la situation, encore moins lors d’un embouteillage. Mais il faut reconnaître que cette faiblesse du robot découle aussi de la mauvaise mentalité des chauffeurs kinois. En effet, beaucoup de chauffeurs ne connaissent pas le code de la route. En RDC, le permis de conduire s’octroie souvent frauduleusement grâce à la corruption. Nous nous retrouvons à longueur de journée face à des chauffeurs sans instruction et égoïstes.

Comment avez-vous accueilli l’arrivée des robots-roulage sur les routes ?

Le robot-roulage a été une bonne initiative pour nous. Car, il nous a facilité la tâche. Avant, nous étions obligés nous-mêmes d’être régulièrement des indicateurs des feux et cela nécessitait beaucoup d’efforts physiques. A présent, nous surveillons tout simplement son fonctionnement tout en gardant un œil sur les chauffeurs.

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[« Un seul robot me coûte plus de 12 000$ » nous confirmait Thérèse Kirongozi lors du forum « Ces femmes qui osent » organisé par Habari RDC en mai  2017. Si on multiplie cette somme par 10 robots par exemple, on aurait 120 000 $ (et ce n’est que le coût de fabrication, le prix de vente pourrait être plus élevé encore). A quoi bon dépenser autant d’argent pour acheter des robots qui ne se déplacent pas et qui tombent souvent en panne, alors qu’on peut utiliser cette même somme pour équiper, former et améliorer les conditions de vie des policiers de roulage ?]

 


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