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RDC : entretenons notre mémoire collective !

Winston Churchill disait : « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre. » Est-ce le cas du peuple congolais ? Car si notre histoire est féconde, force est de constater que nous faisons tout pour l’oublier.

En RDC, il existe très peu de lieux destinés à faire vivre notre mémoire collective. Les mémoriaux n’existent presque pas. Pourtant, ils sont nécessaires pour comprendre et immortaliser les faits de l’histoire d’un peuple, d’une nation et de ses gouvernants, ses gloires et ses échecs. Ils réunissent des temps et des espaces dans leurs dimensions matérielle, fonctionnelle et symbolique.

En RDC, la monstruosité coloniale qui a décimé des millions de Congolais pour permettre à la Belgique de satisfaire ses appétits économiques, l’histoire glorieuse du pays des années 1960, la première et la deuxième guerre du Congo, les différentes guerres du Kivu, sont autant de faits dont nous perdons les traces. Seuls quelques rares monuments peu entretenus existent toujours pour nous rappeler le passé.

Nous risquons de perdre les traces de notre histoire

Les Congolais, pour la plupart, ne cultivent aucun goût pour le passé et l’histoire de leurs ancêtres ou de la nation. Ce qui explique sans doute le manque d’intérêt et d’attachement pour nos lieux de mémoire. Pourtant, l’époque coloniale a marqué différentes villes du pays de son empreinte. De Léopoldville (actuel Kinshasa), à Constersmansville (Bukavu), en passant par Stanleyville (Kisangani), subsistent encore nombre de traces de cette époque. Des témoignages de l’histoire récente foisonnent également dans différentes villes du pays, avec notamment les vestiges de l’ère Mobutu, à savoir le Stade des Martyrs, le Palais du peuple à Kinshasa ou encore le musée de Goma qui abrite le gouvernorat de la province.

Depuis quelques temps, bien qu’avec des moyens limités et l’aide le plus souvent des partenaires extérieurs, le pays s’est attaché à mettre en valeur le patrimoine culturel et historique des Kabila : le mausolée L.D. Kabila, les statues Lumumba et Kasavubu, ou encore le fameux boulevard du 30 juin à Kinshasa.

La Belgique doit rendre au Congo ses vestiges

Le musée Royal d’Afrique Centrale de Bruxelles (MRAC), pour ne citer que celui-là, contient  toujours entre ses murs, une quantité de vestiges de l’histoire du Congo et de ses habitants. En juin dernier, à l’occasion de la commémoration des 60 ans de l’indépendance de la RDC, le roi Philippe a présenté à la RDC les « regrets » de la Belgique pour le passé colonial.

Je pense que ces regrets devraient s’accompagner de certains actes comme le rapatriement des vestiges de l’histoire de la RDC gardés dans les musées de Belgique. C’est notre histoire, il faut nous la rendre ! Sans parler des retombées touristiques et donc économiques qui vont avec…

Nos victimes, dans les oubliettes de l’histoire

Au Rwanda, jamais le génocide de 1994 ne sera oublié : l’histoire sera transmise de génération à génération. Chez nous, 20 ans après les massacres et les destructions de Kisangani, il n’existe, ni justice, ni réparations, ni mémorial pour les victimes. Cette guerre dite de 6 jours (du 5 au 10 juin 2000) a pourtant fait plus de 760 morts, 1000 blessés et des dégâts matériels énormes.

Il en est de même du massacre de Makobola dans le Sud-Kivu, où en décembre 1998, plus de 800 personnes avaient été sauvagement massacrées. La gestion des cimetières de ces deux lieux est laxiste. Ces lieux de mémoire sont abandonnés sans soin, ni respect pour les survivants.

Pourtant, l’Histoire nous enseigne tout. Et il est révoltant, aujourd’hui, qu’un écolier congolais maîtrise l’histoire de Jeanne d’arc et non celle de Kimpavita, de Hitler et non celle de Mobutu, des missionnaires belges et non celle de Kimbangu, etc. Il est temps que l’Histoire du Congo soit enseignée dans ses moindres détails dans nos écoles, tel que le voulait Lumumba, notre héros national. Mais comment cela sera-t-il possible si nous perdons les traces de notre mémoire collective ?

 

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Les commentaires récents (2)

  1. Très bon blog. Vous avez raison, les Congolais ont un problème avec l’histoire et la mémoire. Ils préfèrent aller admirer les monuments d’Europe que les leurs. Il faut conscientiser la jeune génération, il faut que cette phrase « toko kende nango wapi » sorte de nos mentalités. Mais il faut aussi un gouvernement conscient, qui a un idéal. Les lieux de mémoire doivent être mise en lumière, construit. cela fait partie de l’identité d’un peuple. Mails helas!