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En RDC, les mutilations génitales comme arme de guerre

Le vœu du prix Nobel de la paix Dénis Mukwege : aider les femmes à donner la vie, non les réparer. La pratique des mutilations des femmes semble n’être que l’affaire de l’Afrique de l’Est et de l’Ouest. Elle consiste essentiellement à un procédé coutumier et culturel, procédé réducteur de la femme et qui sous-entend que c’est pour contrôler les envies sexuelles de la femme. En RDC, cette pratique existe aussi. Mais sous une forme encore plus virulente, plus humiliante et plus traumatisante : le viol, avec parfois des objets insérés dans le corps de la femme, menant à tous types de mutilations génitales.

Le prix Nobel de la paix, docteur Dénis Mukwege, a soigné des femmes mutilées et violées depuis les deux dernières décennies, dans l’est de la République démocratique du Congo. Ce gynécologue obstétricien a vu la méchanceté de l’homme s’exprimer sur le corps de la femme, l’utilisation du viol comme arme de guerre. En cette journée de lutte contre les mutilations de l’organe génital de la femme, le journaliste et blogueur Rodriguez Katsuva ressort les entretiens qu’il a eus avec ce prix Nobel dont le rêve actuel est maintenant d’« aider les femmes à donner la vie et non de les réparer », et cela passe par le retour effectif de la paix.

Tirer dans le vagin d’une femme ou y insérer une machette

L’un des pires souvenirs du docteur Mukwege est, selon lui, celui d’une femme qu’il avait soignée il y a quelques années. Il raconte qu’après avoir été violée, les agresseurs lui avaient tiré une balle dans le vagin. Les dégâts étaient « inimaginables » se souvient-il. Les voies urinaires et fécales communiquaient, les organes digestifs internes étaient en lambeaux… Il avait fallu plusieurs interventions chirurgicales pour redonner un peu de normalité au corps de cette femme.

C’est malheureusement ainsi que les femmes sont mutilées au pays de Lumumba. Les exemples sont nombreux de ces femmes dont on a inséré dans leur corps des couteaux, des morceaux de bois, des machettes, des pierres, etc. Tout pour blesser profondément la femme. « Le viol est une arme très efficace, au même titre qu’une arme à feu, car il cause les mêmes dégâts sur tous les points », explique Denis Mukwege. Il détaille : « Les viols causent des déplacements des populations, ont des conséquences psychologiques sur la communauté, atteignent l’intégrité physique des victimes et entraînent des conséquences économiques tout comme les guerres avec arme à feu. »

Le rêve de Mukwege : aider les femmes à donner la vie, et non les réparer après des viols

Il y a aussi, à côté des viols, une autre sorte de mutilation dont est victime la femme congolaise. Ce sont les fistules obstétrico-vaginales qui surviennent quand elles donnent la vie. Les accouchements restent la première cause des fistules dont souffrent les femmes. Une mutilation de son organe, qui fait communiquer le vagin et l’anus. C’est aussi réducteur pour la femme, car des fois leurs époux les quittent à cause de cela.

Et toujours pendant l’accouchement, il y a aussi une mortalité encore élevée en République démocratique du Congo. C’est pour cela que Dénis Mukwege espère : « Mon rêve c’est la paix qui puisse me permettre en tant qu’obstétricien, de donner aux femmes les soins obstétricaux de qualité, réduire la mortalité maternelle, aujourd’hui nous avons 800 morts maternels pour 100 000 accouchements, c’est énorme. »

Que ce soit de cause humaine ou obstétricale, aucune femme ne mérite que son corps subisse des mutilations !

 

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