article comment count is: 4

Régine Kapinga, la menuisière de Lubumbashi

Rompre avec les traditions sexistes, contredire les habitudes et faire mentir les convictions populaires… C’est le cœur de l’action de Régine Kapinga Kabwe, une jeune entrepreneure travaillant le bois. Une profession qui l’a rendue célèbre depuis sept ans à Lubumbashi, ville où la menuiserie s’est jusqu’alors articulée au masculin.

Fille d’un père menuisier, Régine Kapinga décrite comme le type de femme aux ambitions bouleversantes, est un menuisier comme tout autre. Oh, pardon, une menuisière : le féminin est désormais possible à Lubumbashi !

Ancienne journaliste d’agence, entre autres professions, Régine a été emportée en 2010 par une soudaine envie d’entreprendre. Investissant dans le bois, l’envie l’a prise, de raboter… Et la voilà dedans. « J’ai commencé d’abord comme manager, ne mettant que les moyens financiers nécessaires. Plus tard, j’ai appris le métier, et maintenant je fabrique sans besoin d’assistance, du bois au meuble fini », explique-t-elle.

Une passion du bois, et des obstacles aussi

Investir dans la menuiserie a sonné comme un défi pour Régine, convaincue qu’il est d’une vieille tradition révolue de toujours réserver certaines professions aux hommes. « L’homme comme la femme peuvent faire les mêmes métiers, et nous les prouvons dans tous les secteurs. Il fallait le faire et je l’ai fait », confie-t-elle.

Régine Kapinga reconnaît pourtant que comme femme, elle n’a pas été chaleureusement accueillie au début de sa carrière par ses collègues menuisiers : « Certaines personnes m’ont presque sabotée, bloquant mon travail, et surtout que je ne connaissais pas encore le métier. Et j’ai eu des soucis avec des clients. Cela a été un défi et je l’ai relevé par l’apprentissage. Mais comme femme, ma situation est aussi celle des autres femmes qui entreprennent, rien de particulier. »

Regina meuble, et ça marche

La jeune menuisière, avec au CV désormais sept ans d’expérience professionnelle intense, Régine se construit un renom à Lubumbashi, peut-être même une marque. « « Régina meuble » ne laisse pas de chance à la complaisance », unique façon de prouver qu’« être femme n’a aucun rapport avec un travail bien fait ni avec la qualité ». Et sans regretter d’avoir quitté le prestige, parfois fanfaron de journaliste, elle avance : « Aujourd’hui, je suis un boss qui bosse. Par le passé, je travaillais pour aider quelqu’un à atteindre ses objectifs, aujourd’hui je travaille pour atteindre les miens. »

Régine Kapinga a beau travailler dans des conditions encore relativement précaires, elle rêve. L’entrepreneuriat des jeunes et la lutte contre le chômage l’animent au point d’en faire un projet pour les jeunes. « Ma grande vision est de converger mes efforts, mettre sur pied un centre d’encadrement des jeunes, les initier au métier. Filles ou garçons, les initier à l’entrepreneuriat, à la création et à la gestion d’une entreprise de menuiserie, dans un espace de production et d’exposition. »

Sans aucune connaissance à ses débuts, Régine a réussi à montrer qu’avec détermination, il est possible de monter et de fleurir. Son secret : « Améliorer la qualité de mes services et produits. » Il est tentant de rester aveuglé par le  succès d’une femme qui sort des sentiers battus comme la menuisière de Lubumbashi. Mais n’est-ce pas important d’exploiter davantage cette quête de compétence en vue de réussir, pour dire à tant de femmes qui attendent des quotas en politique, et d’autres cadeaux ? Femmes qui excellent, il y en a en RDC. A celles-là, comme à d’autres, il vaut mieux apporter un vrai soutien.

 


Vous pouvez relire aussi :

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (4)

  1. je suis très fière de cette dame, elle m’inspire et je l’admires beaucoup
    c’est vraiment un modèle et une référence, elle fait preuve de courage,
    ça été un plaisir immense de la rencontrer