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Trouver une maison à louer à Kinshasa, un casse-tête !

En théorie, trouver un appartement à Kinshasa est assez simple. Il suffit de contacter un courtier appelé à Kinshasa « commissionnaire ». Dès que celui-ci repère un appartement non occupé qui correspond le mieux à votre désir, il vous met en contact avec  le bailleur et le marché peut-être conclu. Ça c’est la théorie. Je vous invite maintenant à découvrir la pratique.

Selon la loi, le bailleur n’a le droit de percevoir  en guise de garantie qu’une somme équivalent à trois mois du prix mensuel du loyer de l’appartement à louer. Quant au courtier, pour le récompenser de son travail, il touchera la somme équivalent au prix d’un seul mois de loyer convenu. Problème, sur le terrain, la réalité peut vous laisser un goût amer.

Le courtier, pas si  facilitateur que ça

Je vous raconte mon histoire. Un jour j’avais besoin d’un appartement à louer. J’entame la première démarche : entrer en contact avec un courtier. Pas si facile d’en croiser un : nombre d’entre eux n’ont pas de bureaux.

La rencontre avec mon courtier se solde par un versement de dix dollars dans sa poche – sur sa demande bien entendu – pour « crédit téléphonique et mobilité ». « Tous les courtiers font pareil », me dit-il pour me rassurer après avoir constaté que j’avais des doutes. Ainsi avec lui, nous entamons la phase la plus longue du processus.

La garantie locative varie entre 6 et 10 mois

Mon rêve de me trouver un appartement à mon goût dans les communes avoisinant le centre-ville s’envole peu à peu. Il faut débourser à partir de 100 dollars pour à peine un studio. Sinon, l’unique solution est d’aller voir ailleurs, c’est-à-dire dans les commune éloignées du centre-ville. Ici aussi, les choses ne se passent pas aussi facilement que vous le croyez. Tenez : le premier maitre de la maison que je croise a fixé sa garantie locative à dix mois. Alors que je voulais lui opposer la loi, il me répond avec un léger sourire aux lèvres : « Dans ce cas,  il te faudra trouver une maison de l’État ! »

Mon courtier, qui passe d’office pour mon conseiller en matière de location, me fait remarquer que ce n’est pas la bonne attitude que j’affiche. Mais son avertissement ne m’empêche pas de récidiver face à un autre bailleur qui a, lui, fixé sa garantie à six mois. Il accepte de toucher cinq mois de garantie qu’il notifiera sur le contrat à signer, mais à condition que je paie anticipativement le premier mois : une autre pratique interdite par la loi. Je renonce.

La tribu, un des critères pour mettre ensemble bailleur et locataire

« A ce rythme, tu n’auras pas de maison à louer », me souffle mon courtier. Il me trouvé cette fois-ci un autre bailleur originaire de la même région que moi, à mon insu.

« Oyo mutu ya coté na bino, bobeta kaka munok’a mboka » (vous êtes tous les deux de la même tribu, parlez votre langue), me lance-t-il en présence du propriétaire de l’appartement. Celui-ci enchaîne directement dans l’une des langues nationales : « Tu es précisément de quel coin de la province ? » Gêné, je lui réponds tout de même. C’est alors qu’il s’est senti rassuré.  Même s’il veut se montrer gentil et compréhensif envers le fils du même terroir que lui, les agissements généraux des bailleurs lui collent à la peau. Et de mon coté, connaissant la loi, je peine à débourser mon argent dans ces conditions.

« Il ne reste plus qu’à trouver un propriétaire partageant la même croyance religieuse que toi », me dit mon courtier. Peut-être que ça marchera ? Là aussi, rien n’est moins sûr, sachant l’écart qui existe entre les enseignements religieux et les mœurs pratiques de mes compatriotes.

Que faire pour obliger les bailleurs à ne percevoir que les trois mois de garantie locative exigés par la loi ?

 

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