Depuis la découverte du premier cas de coronavirus, le monde se bouscule pour (ré)inventer des itérations sur le retour à la vie normale ou l’adaptation à la nouvelle vie. La pandémie a réussi à créer un précédent.
Fin 2020. Antony Mutshipule, artiste plasticien de Lubumbashi me contacte. Il veut une collaboration sur son projet Kisha Covid (Après Covid-19) pour lequel grâce à une bourse d’Africalia Creativity Is Life, il a envie de réaliser trois fresques, dans différents sites de la ville. Mon rôle est simple : représenter son concept par un texte.
L’idée étant de montrer ma vision, face aux conditions nouvelles d’adaptation qui s’imposent aux artistes soucieux de continuer à créer, à (sur)vivre, dans un monde malmené par le coronavirus. C’est ainsi qu’est née ma Lettre à mon cher ami artiste confiné, déconfiné et peut-être même reconfiné. Il s’agit pour moi de rappeler que l’art contemporain ne vivra plus comme avant et qu’il était temps de faire avec. Une idée que partage Patrick Mudekereza, opérateur culturel et patron de Waza Centre d’Art.
Le retour à la normale ou s’adapter à la nouvelle norme
Pour Mudekereza, la question ne se pose plus ! « Le coronavirus va durer toute la vie, et il faut faire avec ». Il donne un exemple de changement : « Au dernier Vendredi saint, nous (chrétiens catholiques) n’avons pas fait le traditionnel baiser de la croix, bien entendu, pour éviter la propagation de la maladie. »
Il garde tout de même un brin d’espoir : « Nous assisterons sans doute à la fin de certaines restrictions toxiques qui portent préjudice à certains métiers, à certaines économies. » Et d’ajouter : « Mon espace en souffre déjà. Et si l’on n’y prend garde, les restaurateurs, les tenanciers des clubs de nuit, les professionnels de sexe disparaitront. »
La raison ? Mudekereza explique : « Les rencontres des inconnues restent la base d’émulation pour beaucoup de métiers. Le fait pour les humains, ‘’animaux tactiles » de ne plus être en contact pour de vrai, impose une redéfinition de la socialisation. » Pour lui, « cela touche tout le monde. Exemple : les célibataires risqueraient de le rester longtemps ». Pourquoi ? « Parce qu’avec le coronavirus, nait la peur d’oser draguer, se mettre en couple avec quelqu’un qu’on connait à peine ».
Sur le plan psychologique, Mudekereza pense qu’il y aura des perturbations qui seraient dues à la distanciation sociale, au manque de contact physique et de temps à passer ensemble.
Alors, si le coronavirus doit durer toute la vie, il nous faudra cesser de rêver d’un retour à la normale et nous adapter à la nouvelle norme. Ça sera alors une occasion pour nous d’apprendre à prendre la vraie mesure de l’amour. Car « l’amour est la grande affaire de nos vies », dit Fatou Diome !
#Covid19NeNousDiviseraPas