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RDC : la crise dans la crise

Alors que les pressions n’en finissent pas sur le pouvoir du président Joseph Kabila, la situation humanitaire ne s’améliore guère. Au cœur d’une conférence humanitaire avec pour objectif une levée de fonds au profit de 13 millions de déplacés, Kinshasa a boycotté l’événement.

A Genève, sur les 1,5 milliards de dollars sollicités par la communauté humanitaire de RDC, seulement 528 millions ont été promis. « Il y avait très peu de ministres dans la salle, [] Très peu de représentants du continent africain aussi, sans doute à cause du boycott lancé par Kinshasa », fait remarquer RFI. Mais il y avait quand même le Botswana, la Zambie, l’Angola et la Tunisie. De son côté, le quotidien Le Phare de Kinshasa écrit : « La RDC fait la politique de l’autruche. » Et La Prospérité, autre quotidien kinois, ironise en parlant des « abonnés absents ? »

Outre son absence à cette conférence, Kinshasa boycotte également toute aide extérieure à l’organisation des élections attendues en décembre. Ce qui aiguise ainsi les tensions entre la communauté internationale et les autorités congolaises, note Jeune Afrique. Sur quoi le ministre belge de la Coopération, Alexander De Croo, a appelé les leaders congolais à ce « qu’ils prennent au sérieux la crise humanitaire qui sévit dans leur pays et s’attaquent aux causes intrinsèques de celle-ci ».

Une attitude « irresponsable et criminelle » de Kinshasa, selon Katumbi

Kinshasa est allé jusqu’à menacer de représailles les ONG qui recevront l’argent collecté à Genève sans l’aval du gouvernement congolais. « Pour Kinshasa, qui refuse d’y participer, écrit Cas-Info, l’ampleur de la situation humanitaire telle que décrite ne reflète pas la réalité. Alors elle continue de s’opposer farouchement à cette opération initiée sans […] avoir été associée. »

Cette attitude – le boycott de la conférence humanitaire au profit des déplacés – est « criminelle et irresponsable » a réagi le candidat déclaré à la présidentielle, Moïse Katumbi, écrit Radio Okapi. Pour l’opposant, refuser cette aide destinée à des millions d’innocents, « il s’agit de la plus haute trahison face au devoir de tout être humain de porter assistance à son prochain ».

La crise humanitaire relance les pressions sur la politique

En offrant leur aide de 67 millions de dollars, peut-on lire sur Actualité, les Etats-Unis ont insisté sur la nécessité d’organiser les élections en décembre prochain en RDC. La solution à cette crise humanitaire, pour plusieurs observateurs, c’est la fin de la crise politique qui secoue la RDC depuis le dépassement du mandat du président Kabila, sans élections en 2016. Bref, il s’agit d’organiser sa succession.

Les pressions sur le pouvoir du président Kabila passent à travers ses parrains zimbabwéen, angolais et sud-africain notamment, peut-on lire sur Le Monde Afrique. Peut-être pour traduire le degré de cette pression extérieure, La Prospérité titre : « Avec ou sans machine à voter, 23 décembre 2018 : la Grande Bretagne tient à la tenue des élections crédibles et constitutionnelles. » Pendant ce temps, en l’interne, les évêques catholiques (la Cenco) rappellent au pouvoir sur Radio Okapi que « ne pas mettre en pratique les mesures de décrispation [politique], c’est compromettre le processus électoral ».

 


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