Savez-vous que seuls les riches auront droit aux prochaines élections ? Nous pauvres enseignant sommes mis de côté ! Regardez la caution exorbitante à payer pour y participer, cela nous exclut d’office nous les cultivateurs, les marginalisés et les sans-emplois. Selon la nouvelle loi électorale, il faut 1000 $ pour être député. Le même État qui exige 1000 $ ne me paie même pas un salaire de 100 $ par mois.
Sans doute que le Parlement de la prochaine législature sera constitué non de têtes bien faites mais plutôt de poches bien pleines. Avec la nouvelle loi électorale, il sera difficile aux pauvres Congolais comme nous les enseignants, les infirmiers, les chauffeurs de taxi ou les simples fonctionnaires de l’Etat de prétendre candidater aux élections en RDC. Cette loi exclut des millions de Congolais universitaires, de vrais cerveaux mais qui n’ont pas les moyens alors qu’ils pourraient apporter une nouvelle expertise dans la gestion du pays. Ils deviennent inéligibles simplement parce qu’ils sont pauvres ou n’appartiennent pas à de grands partis politiques.
En lisant attentivement cette loi, j’ai compris qu’être pauvre nous prive de nos droits en RDC. Pour être ne serait-ce que candidat aux législatives nationales par exemple, il faut payer au moins mille dollars américains de caution. Un montant 10 à 15 fois supérieur au salaire d’un fonctionnaire de l’État. En RDC, 1000 $ c’est un chiffre d’affaires. Où est-ce que le fonctionnaire va trouver une telle somme pour se porter candidat ? Ajoutez à cela le seuil de représentativité de 1% pour les législatives. Dans un pays où la majorité de la population vit avec moins d’un dollars américain par jour, cette loi sonne comme une insulte aux pauvres.
Une mesure anti-constitutionnelle
Chers parlementaires, vous qui avez voté cette fameuse loi, pourquoi vous vous moquez du peuple congolais? Comme si cela ne suffisait pas, vous avez fixé le seuil de représentativité national à 1% pour les législatives. Quel candidat indépendant, populaire soit-il, peut atteindre ce seuil? Je comprends que c’est une loi taillée sur mesure. Seuls les députés, les sénateurs, les ministres et bien d’autres mandataires qui reçoivent un salaire d’au moins dix mille dollars américains chaque mois peuvent payer facilement cette caution, acheter des t-shirts et des voix pour continuer à rester au pouvoir. C’est inacceptable. Ce pays nous appartient tous.
L’article 13 de la Constitution ne dit-il pas : « Aucun Congolais ne peut, en matière d’éducation et d’accès aux fonctions publiques ni en aucune autre matière, faire l’objet d’une mesure discriminatoire, qu’elle résulte de la loi ou d’un acte de l’exécutif, en raison de sa religion, de son origine familiale, de sa condition sociale, de sa résidence, de ses opinions ou de ses convictions politiques… » ?
Je m’adresse à notre Cour constitutionnelle. Si elle est réellement sérieuse et neutre, l’heure est venue de déclarer purement et simplement inconstitutionnelle cette loi, ou tout au moins d’élaguer certains de ses articles qui énervent la Constitution. Ce ne sera que de cette façon qu’elle fera justice aux pauvres.
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