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Joseph Kabila justicier : infamie sur l’indépendance de la justice congolaise ?

Encore une bourde du chef de l’État. S’adressant au Parlement le 19 juillet, le président Kabila a déclaré tout haut que seuls les candidats éligibles iront aux élections, suscitant ainsi de multiples critiques sur Internet. Il aurait dû laisser la justice faire son travail, car ce n’est pas à lui de dire qui est éligible et qui ne l’est pas.

En faisant cette déclaration, le chef de l’État a automatiquement restreint  les chances de certains compatriotes de prétendre à la plus haute fonction du pays. Sa déclaration insinue la volonté de s’acharner contre des candidats qui ne lui plaisent pas. Un bon justicier, donc ! Sauf qu’il ne l’est pas, par le simple principe de séparation des pouvoirs en démocratie.

C’est dans un des paragraphes de la fin de son adresse que Joseph Kabila a dit : « J’en appelle à la vigilance et au patriotisme de la classe politique, toutes tendances confondues, afin que les prochaines élections, ‘’ouvertes du reste à tous ceux qui en réunissent les conditions légales d’éligibilité’’, soient un moment de célébration de la cohésion et de l’unité nationales. » Ici, Moïse Katumbi paraît clairement visé, car c’est lui que la majorité présidentielle a toujours présenté comme inéligible. Visiblement, le président de la République a, lui aussi, manifesté  son intention d’en découdre avec son ancien collaborateur passé à l’opposition.

Candidat déclaré à la présidence de la République, l’ex-gouverneur du  Katanga, a été condamné à trois ans de prison dans une affaire de « spoliation immobilière » qui l’oppose au Grec Stoupis. Il fait face à d’autres dossiers judiciaires dont celui de « recrutement de mercenaires ». Des poursuites que l’incriminé n’a cessé de remettre en cause, les présentant comme des manœuvres visant à l’écarter de la course à la magistrature suprême.

Où est passé le principe de séparation des pouvoirs en RDC ?

La Constitution de la RDC, à son article 149, consacre le principe de séparation des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judicaire. Comment alors comprendre la prise de position de Joseph Kabila ? Puisque la tâche de déterminer l’éligibilité ou non d’un candidat, incombe à la justice et à elle seule. La Commission électorale nationale indépendante, n’aura pour sa part, qu’à apprécier les dossiers de candidatures déposés. Il reviendra alors à la  justice de délibérer définitivement sur chaque cas.

Avec insistance, en plus, l’article 151 de la Constitution, interdit au pouvoir exécutif d’interférer dans les jugements rendus par les juridictions judiciaires. Le président, en tenant ces propos, a couru le grand risque d’être soupçonné d’instrumentaliser la justice à des fins politiques. Il donne ainsi libre cours à ceux qui croient que la justice congolaise n’est qu’une parodie.

« La justice élève une nation », dit-on souvent. Mais chez nous, elle la fait descendre aux enfers. Car au sujet d’éligibilité, le président n’avait aucun intérêt à mentionner que l’élection s’ouvre à ceux qui sont éligibles. Puisque c’est une évidence, une chose que tout candidat devrait savoir. Mais si le président est honnête, il ne devrait pas se représenter pour un troisième mandat.

 


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