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Eligibilité ou crédibilité des institutions publiques en RDC ?

Six candidats recalés à la présidentielle de décembre 2018 ont défendu leur éligibilité à la Cour Constitutionnelle, le 31 août. La RDC se trouve dans une période déterminante aussi bien pour la crédibilité de ses institutions électorales que pour le processus électoral en cours. Vendredi, au démarrage des audiences à la Haute Cour, le cas de Bemba a retenu l’attention de plusieurs médias.

Quatre des cinq candidats recalés ont déposé leurs recours à la Cour constitutionnelle. Ils y étaient invités le vendredi pour les débats. Il s’agit de Jean-Pierre Bemba, Adolphe Muzito, Jean-Paul Moka et Antoine Gizenga, explique Cas-Info. Le site congolais indique qu’à l’ouverture, le ministère public a demandé à la Cour constitutionnelle de déclarer Bemba inéligible. Motif : sa condamnation pour subornation de témoins à la CPI. Mais la défense du leader du MLC, raconte le média, « a tout fait pour démontrer que la condamnation de Bemba n’était pas irrévocable ».

Le dossier Bemba a connu plusieurs rebondissements depuis l’invalidation de sa candidature à la présidentielle par la Céni. Le site Actualité.cd cite une déclaration des « notables » originaires de l’Equateur, région du nord-ouest de la RDC dont Jean-Pierre Bemba est ressortissant. Le message de ces « notables » peine à dissimuler son accent de mise en garde, alors qu’ils dénoncent « l’instrumentalisation de la Céni par le pouvoir ». Actualité.cd reprend le passage du message de ces personnalités qui dit : « Invitons la Cour constitutionnelle à assumer avec impartialité et professionnalisme son rôle de la plus haute juridiction en disant le droit, gage de paix, par le rétablissement de Jean-Pierre Bemba Gombo comme candidat président de la République. »

Une Céni « aux ordres du pouvoir »

Radio Okapi, pour sa part, publie cet appel de l’Union européenne à l’endroit de la Céni et de la Haute Cour congolaise. Elle les appelle à « agir en toute transparence et impartialité ». Puisque, rapporte le média onusien citant un communiqué de l’UE, « les décisions de la Cour seront cruciales afin de renforcer la confiance dans le processus électoral ».

Avant, les commentaires à Kinshasa et sur la toile tiraient déjà ou presque, sur le pouvoir, mettant la Cour constitutionnelle en garde. « En écartant Bemba après Katumbi, Kabila poursuit son casting idéal pour l’élection présidentielle », ironise Congo Libéré. Autrement dit, la Céni a obéi aux « ordres » du pouvoir dans son interprétation, considère Congo Libéré. Le site pointe « une interprétation de la règle de droit très contestable » qui prend l’infraction de subornation de témoin pour de la corruption, interprétation faite par le porte-parole de la majorité, André Alain Atundu.

Et Le Potentiel de noter que la Haute Cour congolaise joue bien plus que sa crédibilité. « Les neuf juges de la Cour constitutionnelle ont entre leurs mains le destin de tout un pays », prévient le média. Et d’ajouter : « De leur décision dépendra la crédibilité des scrutins. »

La CPI pour sauver ou enfoncer Bemba ?

Dans son analyse sur l’invalidation de la candidature de Bemba, Le Phare ne mâche pas ses mots : « Quel que puisse être le verdict de la Cour pénale internationale dans l’affaire de subornation de témoins, le crédit de la Céni est largement entamé. » Le quotidien kinois insiste dans un autre article sur le refus de la Cour constitutionnelle d’attendre le verdict de la CPI sur la suite de l’affaire de subornation de témoin évoquée pour disqualifier la candidature de Bemba.

Le Phare explique que si la CPI ne prononce pas une condamnation irrévocable du candidat recalé, Bemba devrait être réhabilité. Ce qui, si la Haute Cour congolaise venait à prendre une décision contraire, nuirait à sa crédibilité.

 


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