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Pourquoi les femmes accouchent encore à domicile ?

Elle a 31 ans et vient d’avoir son quatrième enfant. Jeanne Kankolongo n’a jamais rencontré ni sage-femme, ni gynécologue. Elle n’imagine d’ailleurs pas son corps entre « les mains d’un inconnu qui le manipule ». Elle a accouché à chaque fois à domicile.

Pour Jeanne Kankolongo, « la nature a tout prévu, la science a tout détruit ». Dans son village, la pratique est tellement courante qu’accoucher dans une maternité symbolise la bourgeoisie. Elle vit maintenant en pleine ville, à Lubumbashi, où elle compte ne pas briser sa tradition.

Dans la commune de Kampemba, au quartier Taba-Congo où elle vit, je découvre que grâce à cette femme d’environ 40 ans, d’autres femmes donnent encore la vie à domicile. C’est plus facile paraît-il, moins coûteux, mais plus dangereux aussi. Pourtant, certaines femmes s’en contentent, parlant « d’un accouchement naturel », le cas de Jeanne. Son mari insisterait depuis leur premier enfant sur l’importance d’aller à la maternité, avoue-t-elle, mais Jeanne se convainc que « la grossesse n’est pas une maladie, ma place n’est pas à l’hôpital ».

Mais bien au-delà de ces arguments à la façade traditionnaliste, pour Jeanne, plusieurs autres femmes qui accouchent à la maison le font par précarité économique. Accoucher dans une maternité n’est pas donné à n’importe qui à Lubumbashi. Bien plus, les consultations prénatales coûtent une fortune. Les frais varient entre 5 et 25 dollars américains le mois. C’est sans compter la facture de l’accouchement proprement dit qui va jusqu’à 1000 USD, selon les cas et les hôpitaux.

Accoucher à domicile, et s’il n’y avait pas mieux ?

« Mon corps entre les mains d’un inconnu à l’hôpital, ce n’est pas possible. » C’est clair pour Jeanne Kankolongo, elle n’ira pas à l’hôpital pour la naissance de son bébé. Elle ignore, en effet, les dangers qu’elle court si un accouchement se compliquait pour elle. « Aller offrir de l’argent à l’hôpital quand ma voisine peut m’aider, c’est hors de question », explique-t-elle. Comme elle, Mado aussi a accouché à la maison il y a un mois à Lubumbashi. C’est son huitième enfant, et jamais elle ne s’est rendue à la maternité. Seule justification : « Les frais sont exorbitants à l’hôpital. Les vaccins et les accouchements sont chèrement facturés. » D’où pour elle, cette résolution : « Pas d’emploi, pas d’argent et donc pas d’hôpital non plus. »

Pour le médecin généraliste Eddy, dans la commune Kampemba, ces cas sont la preuve d’un manque de sensibilisation et de l’ignorance grave des mesures de santé maternelle. Il reconnaît que les consultations prénatales dans ce quartier où les bébés sont nombreux, sont rares. « Les risques sont légion, pour ces femmes, explique-t-il. Des infections de la mère à l’enfant, des saignements pouvant conduire à l’anémie, etc. » D’autres complications lors de l’accouchement, mettant en danger de mort la femme et l’enfant, peuvent survenir et nécessiter des soins d’urgence. Il est important d’accentuer la sensibilisation pour protéger les mères et leurs enfants à l’accouchement. La prise en charge de ces soins inciterait et permettrait aux femmes de se rendre à l’hôpital pour leur accouchement.

 


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Les commentaires récents (1)

  1. Dieu seul est protecteur de notre vie, quand à nous qui somme né aux milieux ruraux où il y avait pas d’hôpitaux ? Mais aujourd’hui nous sommes en train des nous rattraper. Ne vous inquietez pas pour çà…