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Lumumba et l’affaire indépendance immédiate (1)

Je vais m’attarder sur les aspects historiques de « l’indépendance immédiate » de la RDC exigée déjà en 1959. Plus de 6 décennies après, alors que le pays peine à décoller, aujourd’hui jeunes et vieux font porter le chapeau à Lumumba, disant qu’il aurait été pressé. Je pense qu’il est urgent de recontextualiser le débat et d’arrêter de propager des considérations erronées.

Je donnerais donc ici des arguments fondés rien que sur les faits avérés, pour soutenir que l’indépendance de la RDC est arrivée au moment où elle devait arriver.

Lumumba, 1959 : table ronde de Bruxelles

À mon avis, si le pays patauge aujourd’hui, c’est la faute des générations qui se sont succédé depuis l’indépendance. Surtout pas la faute de Lumumba.

Il est vrai qu’à la table ronde de Bruxelles, en 1959, celui qui sera environ un an après premier Premier ministre du Congo, Patrice Lumumba, exige une indépendance immédiate. Et, la délégation congolaise va l’obtenir. Lumumba est un leader qui émerge des élections de 1959 qui le placent en pole position.

D’ailleurs, beaucoup aujourd’hui ne comprennent pas que ce ne soit pas lui, avec sa majorité au Parlement, que le Sénat a élu président de la République. C’est plutôt Joseph Kasa Vubu, sans majorité parlementaire, qui passe président. De là d’ailleurs sa faiblesse vis-à-vis de son Premier ministre et les germes de leur conflit au sommet de l’État.

Indépendance immédiate du Congo belge

Joseph Kasavu Vubu est membre de l’Abako (Association des Bakongo). C’est la première à exiger une indépendance immédiate, dès la proposition du professeur belge Van Bilsen.

L’Abako rejette ainsi un plan de ce professeur belge qui propose de prolonger la colonisation du Congo de 30 ans, c’est-à-dire, juqu’autour de 1990. Puisque selon son analyse, il n’y a pas eu de préparation.

C’est un aveu d’échec pour le système belge. Rien à faire : la colonisation n’est pas venue développer le Congo, contrairement aux promesses de la mission civilisatrice par les Léopoldiens.

Le Congo ne dispose pas de cadres formés pour l’administration publique, et dans les autres domaines, les compétences parmi les colonisés sont rares, notamment dans l’enseignement et dans l’armée. D’ailleurs, naguère la politique était interdite à l’élite noires.

Pas de politique pour les colonisés

Devant cet état de choses, la politique se fait par détours, en passant par des associations culturelles ou « tribales », selon le mot à la mode, à l’époque. Et ceux qui s’y hasardent peuvent être envoyés en prison.

En plus, la lecture de certains livres et journaux européens est interdite. Les Belges craignent qu’ils puissent réveiller les colonisés qui doivent rester dans l’obscurité. Le principe est clair : pas d’élite, pas d’ennuis.

L’Abako est, en effet, révoltée par la déclaration du cercle Conscience africaine, trop proche de l’Eglise catholique. Celle-ci est considérée comme pro Européens, proche du système colonial. On y trouve notamment Jean Bolikango, et l’abbé Malula qui sera plus tard premier noir cardinal du Congo.

 

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