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Magloire Paluku : des « villes mortes » ou des personnes mortes ?

Les manifestations comme les villes mortes ou marches pacifiques se soldent très souvent par des morts en République démocratique du Congo. Que ces morts soient des manifestants ou des agents de l’ordre, ce sont tout de même des compatriotes qui meurent et qui laissent des familles. La dernière manifestation en date est une « ville morte » qui a coûté la vie à au moins cinq personnes dans la ville de Goma lundi 30 octobre. C’est ce que dénonce le journaliste Magloire Paluku.

Fils de Goma et propriétaire de l’une des plus grandes chaînes de télévision du Nord-Kivu, Magloire Paluku se demande si finalement les villes mortes ne sont pas en train de devenir des journées « personnes mortes » dans notre pays. Nous vous partageons ici sa réflexion 

Le Congolais est-t-il vraiment préparé et bien outillé pour être meneur d’hommes ? On revendique quoi ? Comment revendiquer ? Avec qui, où et quand ? Le départ de Joseph Kabila ? Les frais scolaires ? Le taux du dollar face au franc congolais ? Qui mène ? Qui est la société civile ou quels sont les mouvements citoyens ? Quel parti politique ? Des slogans variés et un peuple dans la rue pour une ville morte ? Ce lundi 30 octobre 2017, il y a eu encore des morts et des blessés, pour presque rien à Goma.

Une ville morte mal préparée, snobée, imposée, sans leaders visibles mais avec des conséquences et des victimes photographiées, publiées comme les signes d’une victoire !

Le Congolais a encore montré qu’il ne sait pas s’organiser pour un objectif et qu’il y va en désordre afin d’obtenir une autosatisfaction éphémère en cachant son identité sur les réseaux sociaux. Des barricades sur des routes, des pneus brûlés sur du goudron ; lapider un policier, répliquer aux lacrymogènes, empêcher les autres d’aller au travail, injurier jusqu’aux imputations dommageables, vandaliser des magasins et boutiques, tout cela ne conduit pas aux résultats recherchés chers Congolais!

Souvenez-vous, dans les années 60, les mouvements Mulelistes qui ont commencé ce genre de tactiques ont échoué et leurs leaders ont péri les uns après les autres ! Aujourd’hui, publier des photos des routes barricadées, surtout la photo ignoble ensanglantée d’un policier en uniforme lapidé par la population, des civils tués sans doute par la police, pour se libérer d’un président de la République ou de son régime… C’est une preuve d’un barbarisme qui nous coûtera cher un jour !

Heureusement avec la myopie des droits de l’Homme, les justifications sont nombreuses. Ceux qui publient des photos des morts en se réjouissant d’une révolte enclenchée au Nord-Kivu, seraient-ils tout aussi contents si c’était des membres de leurs propres familles dont les photos sont partagées dans des groupes de réseaux sociaux ?

Faire révolter un groupe de gens dans quelques quartiers de Goma, cassant tout sur leur passage est un signe d’une mauvaise organisation pour une révolution populaire. Les leaders se cachent pour envoyer des téméraires mourir en martyrs sans indemnités et pour un aléatoire destin qui ne paye pas.

Un vrai leader devrait être en première ligne pour mourir en premier comme les chefs de nos coutumes, et non provoquer des homicides politiques pour des causes égoïstes ! On ne peut arracher le pouvoir en se nourrissant du sang des revendicateurs des foules sans âmes. Ce qui s’est passé chez nous à Goma, se fait de la même manière dans nos territoires. Quand un « Maï-Maï » tue ou insécurise ses propres parents pour réclamer le départ d’un Joseph Kabila qui pourtant se trouve à plus de 2000 kilomètres, cela me paraît insensé.

La révolution ne peut se faire avec des populations non préparées, pas plus qu’avec des leaders peureux qui se cachent pour enfin se vanter d’un bilan macabre de leur lâcheté. « Dresser les fronts longtemps courbés » ne se fera pas sur un terrain virtuel avec un tel incivisme caractérisé, mais avec courage même face à un régime fort !

Arrêtez de montrer au monde que nous aimons le sang versé de nos compatriotes. Après le régime de Kabila, c’est vous peut-être qui serez au pouvoir, mais vous n’avez même pas une identité définie, à part ce plaisir que vous avez pour les réseaux comme un Daesh au Congo.

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Les commentaires récents (3)

  1. En même temps que je ne vois pas ce Daesh vient faire dans sa réflexion, je m’attendais à une proposition concrète de sa part. Ce qu’il faut savoir ce qu’il ne faut pas nécessairement qu’il y ait un leader pour une revendication ait son sens car même une seule personne peut revendiquer et cela devrait toujours avoir son sens devant tout dirigeant qui se veut respectueux des règles établies par la constitution. Est-ce que monsieur ne dit pas sous cap que n’essayez pas de revendiquer le jour que moi je serai dirigeant dans ce pays. Je regrette comme lui mais de voir qu’un policier ou agent de l’ordre ait une gâchette facile vis-à-vis de ses concitoyens.

  2. Vous avez raison Mr. Magloire mais trop c’est trop.
    Si le gouvernement validait les journées ville morte demandées par certains mouvements citoyens locaux (appuyés par la population) ,tous ces désordres ne pouvaient pas s’observer.
    Je vous assure que les forces de l’ordre avaient mal procédé en circulant ( à une vitesse de l’autriche) dans les rues, lourdement armées, c’est ce qui avait semé la terreur au sein de la population et cette dernière ne pouvait que se défendre en cherchant comment aboutir à une journée ville morte.