A 25 jours du début de la campagne électorale (prévue le 22 novembre), l’opposition et le pouvoir voient différemment l’issue des élections. Comme doté de visions prophétiques, chaque camp prédit ce qui va arriver. Les uns prédisent « l’absence de transparence et donc risque de violences », les autres croient à une « bonne fin » du processus électoral. Voici un tour de grands titres parus la semaine dernière dans les médias congolais.
« Le processus s’achemine vers sa bonne fin », prédit Alain Atundu, porte-parole de la majorité du président Kabila, écrit L’Avenir. Une affirmation, explique le média, basée sur le constat fait par le pouvoir de ce qu’il appelle « la maturité politique » de la population congolaise et le « sursaut patriotique de certains leaders des partis politiques ». Atundu fait ainsi allusion aux querelles autour du processus électoral en cours en RDC. Sur quoi, tel un prophète, il déclare : « Le processus électoral s’achemine inexorablement vers sa bonne fin. »
C’est quand, d’après La Tempête des tropiques, l’opposition redoute des fraudes, et même un simulacre d’élections. Selon ce média qui cite l’opposant Olivier Kamitatu conseiller de Katumbi, l’objectif de la majorité est d’obtenir trois tiers des sièges du Parlement en vue de changer la Constitution et permettre au président Kabila de revenir au pouvoir. Dans ces conditions, « boycotter [les élections], c’est ouvrir la voie au maintien du régime en place. Il ne peut en être question », écrit La Tempête des tropiques citant Kamitatu. D’où une sorte de dilemme qui plonge l’opposition dans des tergiversations.
Les grandes manœuvres ont commencé
« Les grandes manœuvres » électorales ont ainsi commencé, constate Géopolis. Après l’opposition qui a marché le vendredi 26 octobre à Kinshasa pour exiger la transparence des élections, le pouvoir a tenu un meeting dans la capitale. Déjà la veille, il promettait en guise de démonstration de popularité, « de ratisser large » et ainsi « mutualiser les énergies à moins d’un mois du début de la campagne électorale », écrit Géopolis. Un meeting du Front commun pour le Congo, plateforme présidentielle que L’Avenir décrit comme « un bulldozer qui affaiblit l’opposition » congolaise.
La marche du 26 octobre a révélé une fissure entre les leaders de l’opposition que plusieurs espéraient voir se choisir un candidat commun à la présidentielle. Les manifestants, partis de la Place Echangeurs pour finir à l’esplanade du boulevard Triomphal, sont passés devant le siège de l’UDPS, un parti de l’opposition depuis peu disposé à aller aux élections « avec ou sans la machine à voter » et donc absent de cette marche. Devant le siège du parti, explique Cas-Info, les manifestants criaient : « Félix Tshisekedi, traître et corrompu ».
Opposition : s’unir sans cesser d’être divisés
La veille de cette marche, sept leaders de l’opposition dont Félix Tshisekedi de l’UDPS, Vitale Kamerhe de l’UNC ou encore Jean-Pierre Bemba, ont confirmé le rejet de la machine à voter aux prochaines élections, peut-on lire sur le site de Politico. « La rencontre visait à harmoniser le programme commun et non à proclamer le candidat », a expliqué l’ancien député Francis Kalombo, proche de l’opposant Katumbi, titre Géopolis.
Sur quoi ironise Le Potentiel : « L’opposition tente de retrouver une nouvelle âme. Après une période de flottement, elle a finalement retrouvé ses esprits. » Mais, écrit Cas-Info , l’opposant Augustin Kabuya de l’UDPS rassure, malgré ces « flottements » : « L’opposition n’est pas divisée. Il y a eu juste divergence de vues. »
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