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Mu Nsaka, une danse théâtrale qui soulève la question du banditisme urbain à Lubumbashi

L’Institut français de Lubumbashi a accueilli un spectacle de danse dénommé Mu Nsaka. C’était le samedi 06 mai dernier devant un public conquis par Kady Mpiana, danseur et chorégraphe congolais, à la base du projet.  

Inspirée d’une série de corps inertes retrouvés emballés dans des sacs de raphia et jetés (Mu Nsaka signifie « dans le sac »), la pièce de danse serait à la fois une catharsis et un exorcisme. Si le but de la pièce est de débarrasser la société lushoise du démon de tueries qui semble avoir pris possession d’elle, elle est une catharsis pour Kady, en ce sens qu’elle lui permet de retrouver son équilibre, en tant qu’artiste qui sait se servir de la danse comme médium, pour alerter. 

« Le grand défi pour moi, était de trouver des gestes qu’il faut en vue d’obtenir l’implication de tous dans la production et le relai de la paix », confie l’artiste. Et de poursuivre : « Je me mets ainsi en scène, en posant une chorégraphie avec la liberté que m’offre ma position d’artiste sur cette question-là ! » 

La pièce Mu Nsaka 

Sur une scène surplombée de fils à linges sur lesquels sont étalés différents types d’habits, la pièce débute par une projection d’images d’une ville en mouvement. Ensuite, le public se laisse emporter par la consonance d’une voix d’homme tantôt grave tantôt fébrile. C’est une victime de cette barbarie qui, depuis l’outre-tombe, dit un texte vindicatif, sur les circonstances de sa mort. La victime râle et se lamente jusqu’à l’usure de sa voix, non sans interrogations : « Comment sommes-nous arrivés là ? D’où vient cette manière d’agir ? Est-ce la pauvreté ou une lutte de positionnement politique ?… »

Le même personnage, apparait sur scène enfermé dans un sac blanc. On l’entrevoit se débattre dans cette sorte de geôle pendant plusieurs minutes. Sa silhouette dans le sac semble dans une quête effrénée de liberté, à en juger par l’image qu’elle renvoie sous une salve de sonorités musicales (électroniques et traditionnelles). Une fois libéré du sac, le personnage est pris dans une sorte de transe, d’euphorie ou d’hystérie qui le pousse à monologuer tout en liant événements actuels et d’antan, depuis un monde dont lui seul aurait l’appréhension. 

Il faut reconnaitre que le succès esthétique et militant de cette pièce, vient du fait pour Kady d’avoir associé d’autres artistes. Il a cherché et trouvé quelques talents de diverses disciplines artistiques pour l’accompagner. Et, ces héros dans l’ombre, ovationnés  pas un public en communion avec la pièce, méritent d’être salués. Il s’agit de : 

Comment oublier Clément Keba et Baron Mukendi à la conception graphique du visuel de ce spectacle ? Ou encore Sarah Mukadi Kadima, qui s’est occupée de la communication ?

En tant que performance, Mu Nsaka résonne comme une plainte, un procès fait à l’inconnu, ce brigand qui sème panique et désolation sur son passage à Lubumbashi. Une  façon pour l’artiste de montrer que l’art peut se servir de l’actualité pour créer, imaginer et dire les choses telles que la société les expose. Une autre manière de dire, comme le souligne l’artiste : « Assez de sang versé ! »

 

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