À son passage les commerçants sont en débandade, perdant parfois leurs biens dans le cafouillage. Mwambi, de son vrai nom Ilunga Kabulekedi, fait peur dans les marchés, dans la rue, et même dans les parcelles habitées. Pourtant l’homme n’est pas un chef rebelle, ni un milicien ni un meurtrier. C’est simplement un chef de division chargé du recouvrement des taxes et impôts. Mais ses méthodes de perception de redevances de l’État sont décriées par la population qui crie au secours.
Il y a quelques semaines, des tracts ont circulé à Mbujimayi appelant les commerçants à des journées « marchés morts » pour protester contre ce qu’ils appellent les « brutalités » de Mwambi. Cette situation perturbe les activités dans cette province déjà enclavée et devenue si pauvre.
Pour sa sécurité pendant qu’il procède au recouvrement forcé dans les marchés de Mbujimayi, Mwambi se déplace accompagné de plusieurs policiers et militaires armés. À son arrivée, c’est le sauve-qui-peut parmi les commerçants. Des pleurs et des grincements de dents. Beaucoup le maudissent. Pourtant, c’est souvent à tort que Mwambi est accusé de tracasser la population. Tout ce qu’il réclame ce sont les preuves de paiement des taxes et impôts. Il ne veut rien d’autre. Car la vérité est que beaucoup d’hommes d’affaires n’ont pas l’habitude de payer leurs taxes à Mbujimayi. Voilà pourquoi Mwambi ne badine pas, il n’hésite pas à sceller purement et simplement les maisons commerciales qui ne sont pas en ordre avec le fisc. Certes il a raison mais on lui demande un peu plus de flexibilité, car les temps et la conjoncture économique sont difficiles.
Dans une interview à la radio Lotus, le président provincial de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), Dominique Ilunga avait qualifié de « terrorisme fiscal » le recouvrement forcé initié par Mwambi. « Les commerçants sont des partenaires de l’État. On ne vient pas vers un partenaire avec 15 ou 20 militaires et policiers », a déclaré Dominique Ilunga.
Seuls les fonds du budget d’investissements peuvent développer la province
Du côté des autorités, on soutient l’action de Mwambi. Le gouverneur de la province, Alphonse Ngoyi Kasanji, estime que les recettes de la province ont augmenté depuis que le recouvrement forcé est mené par ce chef de division. « Grâce à ces recettes, une jeep 4×4 a été achetée et offerte à la police pour faciliter la mobilité des agents de l’ordre afin d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens », a affirmé le gouverneur.
Cependant, certains députés qui requièrent l’anonymat sont contre la manière dont Mwambi procède pour effectuer le recouvrement. Selon eux, les petites taxes locales d’une population de commerçants paupérisés n’aideront pas à redresser le Kasaï-Oriental. Et d’ajouter : « Le recouvrement forcé, Mwambi doit le faire à Kinshasa où les fonds du budget d’investissements de la province sont bloqués de force chaque année par le gouvernement central. C’est cela qui bloque le développement de la province et c’est là qu’il faut aller faire un recouvrement forcé. Il faut le faire également à la Sacim qui puise nuit et jour le diamant de la province, sans que cela ne profite aux populations locales. »
Quoi qu’il en soit, Mwambi est devenu l’ennemi numéro un des commerçants à Mbujimayi. Pourtant, si tout le monde payait normalement les taxes et impôts, cela permettrait aux autorités d’avoir des moyens pour reconstruire la province.
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