La période électorale a l’avantage de révéler le bon et le mauvais côté des journalistes en RDC. Aux dernières élections, parmi les pêcheurs en eaux troubles, figuraient des professionnels des médias et certains organes de presse. Au mépris de la déontologie et l’éthique, la neutralité des média a été vendue au plus offrant.
A Goma par exemple, certains journalistes n’hésitaient pas à s’habiller aux couleurs des partis politiques qu’ils soutiennent. Sur les réseaux sociaux, ils appelaient ouvertement leurs followers à voter pour tel ou tel autre candidat.
Des mabanga dans les tranches d’animation
Vous avez sûrement déjà entendu des noms des personnes chantés par des artistes congolais. Ce sont des dédicaces, – ou mabanga en langue lingala – que les artistes font aux mécènes en échange de quelques gratifications. C’était ainsi dans certaines radios de Goma. En pleine émission, le présentateur pouvait vous surprendre avec quelque chose du genre : « Chers auditeurs je vous annonce que X a postulé à la députation provinciale et nationale ! » Ou encore : « N’hésitez pas à voter pour le numéro Y car il est ami à la jeunesse, et vous ne serez pas déçus ! »
Pire, certains journalistes ont influencé des personnes interviewées pour qu’elles fassent des éloges aux candidats qu’ils soutenaient dans des pseudo-reportages. Aucune neutralité, aucun respect des normes pour résister au pouvoir de l’argent des candidats.
Suffisamment d’espace sur le média pour celui qui offre plus de billets de banque
Le prix d’une intervention à l’antenne changeait aussi selon le penchant des patrons des médias. Pour un candidat du parti X, qui est en faveur du journaliste ou du média, le prix était revu à la baisse ; tandis que pour l’autre candidat du parti Y, non ami, le prix est haussé. Les candidats avec plus de moyens ont plus d’espaces pour leur apparition sur des plateaux de télé, à la radio ou encore dans des journaux papiers. On voyait même des titrailles élogieuses, qui n’avaient rien de factuel ni de journalistique. Mais juste des flatteries et des tentatives de manipulation de l’opinion des électeurs.
La campagne électorale a duré un mois fin 2018, mais elle aura été une mine d’or pour tous les journalistes qui avaient accepté de vendre leur conscience professionnel au diable. Cependant, même si ces comportements sont condamnables, je dois également reconnaître que les conditions de vie du journaliste congolais ne lui laissent pas beaucoup de choix. Un nouveau président a été élu en RDC, nous espérons que les choses changeront positivement en faveur des chevaliers de la plume.
Votre conclusion m’étonne; on est pas là d’abord pour faire à ce que les autres poussent les gens à changer mais avant tout les différents corps journalistiques appelés à se sensibiliser sinon à sanctionner les récalcitrants…