Les victimes d'un massacre dans la périphérie de Bunia, la capitale de l'Ituri, sont inhumées dans une fosse commune, @TheNewHumanitarian
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RDC : crimes contre l’humanité en Ituri, on attend quoi ?

Les violences dans l’Ituri, dans le nord-est de la RDC, n’en finissent pas. La région qui totalise 80.000 déplacés internes à Mahagi, vient de compter près d’une dizaine de morts encore. Retour sur la couverture qu’en ont fait les médias depuis le récent rapport de l’ONU qui pense que des crimes contre l’humanité pourraient y avoir été commis.

Dans le village d’Angolo, en chefferie des Anyals dans le territoire de Mahagi (Ituri), 9 personnes dont trois enfants ont été tués. Des hommes munis d’armes blanches en ont blessé d’autres et brûlé 150 maisons lors d’une attaque le 16 janvier 2020, rapporte Radio Okapi.

Des massacres et des déplacés internes

Dans cette région, explique Radio Okapi dans une autre information, les humanitaires ont enregistré 80.000 déplacés internes à Mahagi, un des territoires de la province de l’Ituri. Sans assistance, ces déplacés « vivent dans des conditions très précaires. Ils vivent dans des familles d’accueil, dans des écoles et églises », rapporte ce média citant l’ONG Caritas développement.

« Les tueries à Djugu présentent des éléments qui peuvent constituer un génocide », titre pour sa part Actualité.cd en référence à une récente enquête de l’ONU. D’après cette enquête du bureau des droits de l’homme de l’ONU, présentée le 10 janvier, « les tueries dans le territoire de Djugu (Ituri) pourraient présenter des éléments constitutifs de crimes contre l’humanité » voire de « crime de génocide ». Ces violences commencées en 2017 ont fait au moins 701 morts, rapporte l’ONU qui précise que les victimes se retrouvent principalement dans la communauté Hema. « Au moins 402 Hema auraient été tués entre décembre 2017 et septembre 2019 », mentionne Actualite.cd.

Rapport accablant

Un « rapport accablant de l’ONU », note La Tempête des tropiques qui indique qu’il vient à la suite d’une dizaine de missions des experts de l’ONU. Ces derniers ont observé depuis septembre 2018, note le média, « une organisation et une planification grandissante des vagues d’attaques menées par des assaillants Lendu visant des Hema et des membres d’autres groupes ethniques, tels que les Alur ».

Ces violences, une « barbarie sans pareille », insiste La Tempête, n’épargnent pas les enfants. Certains en uniformes scolaires ont été décapités, des femmes et filles violées, ainsi que des villages incendiés. D’où l’urgence, note le média, de poursuivre les efforts de réconciliation des communautés en vue de régler le problème « à la racine ».

Critiques contre le rapport de l’ONU

Mais pour sa part, La Prospérité insiste sur une « enquête ambiguë de l’ONU sur les “crimes” contre les Hema ». Le média note d’abord le fait que le mot « génocide » n’a pas été retenu dans le rapport, au grand dam de certaines sources proches de l’enquête. Ensuite, une partialité des enquêteurs de la Monusco qui « éclate au grand jour et constitue un dangereux précédent » en ce qui concerne les efforts gouvernementaux dans la réconciliation entre communautés, insiste le même média.

Autre signe de cette partialité, note La Prospérité, l’absence de systématisation dans la présentation des faits, notamment en ce qui concerne les actes de représailles menés par les Hema, notamment contre les autres communautés (Lendu, NDLR). « Ici, poursuit le journal, pas de dénombrement de morts, de villages livrés aux flammes ou d’enfants Lendu décapités ».

Dès lors, pour La Propsérité, « il est difficilement soutenable, par ailleurs, que dans le contexte des tensions interethniques persistantes entre les communautés Lendu et Hema dans les territoires de Djugu et de Mahagi, où au moins 701 personnes ont été tuées, 168 blessées et 142 victimes de violences sexuelles enregistrées, selon le rapport, toutes les victimes aient été systématiquement “sélectionnées” au sein de la communauté Hema ».

 

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