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RDC : qui sont les nouveaux prédateurs dont parle Colette Braeckman ?

Une guerre peut en cacher une autre. De la même façon, un prédateur peut en cacher un autre. Ce sont les mots de Colette Braeckman, journaliste belge et auteure de « Les nouveaux prédateurs » et de plusieurs publications et films sur le Congo. Un pays plongé dans les violences qui nourrissent des affaires « mafieuses » au profit des puissants de ce monde et de la RDC depuis 21 ans.

Les violences, mieux les guerres de prédation des ressources naturelles du Congo, se développent à la suite de l’entrée au Congo de citoyens rwandais en fuite devant l’armée du général Paul Kagame, qui les poursuivait pour génocide au Rwanda en 1994. Un génocide qui s’est transformé en une occasion pour ouvrir le « coffre-fort » du Congo.

Une guerre se déclenche au Congo en 1997. Personne ne soupçonne un plan derrière, note Colette Braeckman. La journaliste belge propose trois grilles de lecture en vue de comprendre ce qu’il se passe alors. D’abord, cette guerre vise à chasser Mobutu du pouvoir après 32 ans de dictature. Mais au fond, explique la journaliste, la guerre qui éclate vise surtout à ouvrir « le coffre-fort » économique qu’est le Congo. Exploiter des ressources naturelles à faible coût, ou gratuitement.

Il faut un pays qui puisse prendre le risque des conséquences économiques d’une exploitation à grande échelle. L’Occident laisse avancer la Chine. Enfin, d’après Colette Braeckman, la guerre au Congo vise à découper le pays en plusieurs petits pays, et ainsi faciliter le plan de « prédation ». Les prédateurs sont donc connus : les pays africains, voisins de la RDC : Rwanda, Burundi, Ouganda. Mais aussi le Zimbabwe, l’Afrique du Sud, et bien entendu, des puissances occidentales et des multinationales. Ce qui révolte, par ailleurs, la militante Rebecca Kavugo du mouvement Lutte pour le changement, Lucha : « Je suis née dans la violence, mais je lutte dans la non-violence pour que nos enfants viennent vivre en paix. »

Les nouveaux prédateurs du Congo

A ces « prédateurs » traditionnels, déjà connus, se joignent de nouveaux : des prédateurs nationaux et locaux. Ce sont des dirigeants congolais, « complices du pillage des ressources naturelles », précise l’écrivaine et journaliste Colette Braeckman. Pour le comédien et dramaturge Antoine Vumilia, la prédation se poursuit aujourd’hui au Congo sous Joseph Kabila. Mais cette prédation a commencé bien avant, selon lui, sous Mobutu à la zaïrianisation qu’il décrit comme provocatrice d’une véritable catastrophe que le Congo vit aujourd’hui. Les fils des bénéficiaires de la nationalisation des richesses arrachées aux étrangers, sous la zaïrianisation, peuvent profiter aujourd’hui ou demain de la prédation. « Ils ont fait de bonnes écoles, sont riches et influents et n’excluent pas une certaine oligarchie au pouvoir », explique Antoine Vumilia.

Pour Bienvenu Batumo, militant de la Lucha en RDC, il faut exiger aujourd’hui une justice transitionnelle, internationale sur le modèle du Tribunal pénal international sur le Rwanda. C’est seulement ainsi, insiste-t-il, que s’arrêtera la prédation. C’est une « criminalité économique internationale orchestrée à Paris, à Bruxelles et à Washingon », reconnaissent ces trois militants congolais et la journaliste belge qui ont participé au débat sur la prédation des richesses du Congo le 21 août à Douarnenez en France.

 


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Les commentaires récents (1)

  1. Je pense que le vrai problème se situe au niveau national et local. Comme le disait Prof Mwamba : « l’insecte qui mange le haricot se trouve dans le haricot même ». Ansi nous pensons que les prédateurs externes trouvent leur force derrière les prédateurs nationaux et locaux. Nous continuons Toujours à dire aux congolais de prendre conscience tout en sachant que la solution aux problèmes de la RDC ne proviendra jamais de l’extérieur tant que les prédateurs nationaux et locaux ne seront pas erradiqués.