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Dépouille de Tshisekedi : en RDC, même les morts sont contraints à l’exil

Il faut être la RDC pour persécuter les Congolais vivants comme les Congolais morts. Aucun autre État ne le ferait, j’en suis sûr. Haïr Tshisekedi quand il était vivant, et continuer à le haïr après sa mort, c’est tout ce qu’il y a de plus cruel. Sinon, pourquoi sa dépouille ne peut toujours pas être rapatriée, un an après son décès ? Parmi ceux qui gèlent ce rapatriement, figurent même des gens qui ont mangé et bu avec lui. Voilà que le corps de cet opposant et ancien Premier ministre est condamné à « vivre » en exil.

Ce premier février, 365 jours se sont déroulés pour la dépouille d’Étienne Tshisekedi depuis sa disparition. Hélas, force est de constater que les souffrances qu’il a vécues dans son corps quand il était encore en vie (prison, exil, torture, interdiction, privation de liberté…) on les lui fait subir même quand il est mort. Le pauvre ! Son tort est d’avoir été le plus dur des opposants. Aujourd’hui sa dépouille est prisonnière. Sa veuve, maman Marthe, est aussi prisonnière, car selon la coutume, elle ne peut arrêter de faire le deuil tant que son époux n’est pas encore mis en terre. C’est peut-être le deuil le plus long du Congo ! Et il n’est pas prêt de se terminer.

Du coup, j’avais quelques questions à poser. De quoi a-t-on peur pour rapatrier Tshisekedi et l’enterrer dignement dans son pays ? À qui profite l’éloignement de la dépouille du Sphinx ? À Félix ou à Kabila ? Si la mort de Kabila père a profité à Kabila fils, la mort de Tshisekedi père profiterait-elle à Tshisekedi fils ? Quelqu’un a la réponse quelque part. Mais vous savez, la mort, c’est le chemin que nous emprunterons tous. Faisons à la dépouille de Tshisekedi ce que nous aurions voulu qu’on fasse de nos dépouilles le moment venu.

Larmes de crocodile

Beaucoup de nos dirigeants et l’opposition avaient fait couler des larmes le premier février 2017 à l’annonce du décès de Tshisekedi. Je comprends aujourd’hui que ce n’étaient que des larmes de crocodile. Les messages de condoléances que nous avons entendus ce jour-là n’avaient peut-être pour but que de se moquer de lui. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui semblent être vraiment satisfaits de la disparition du vieil opposant. Certains ont eu des postes qu’ils n’auraient pas pu obtenir s’il n’avaient pas été compagnons de Tshisekedi. Je pensais par exemple que le Premier ministre Bruno Tshibala, qui a toujours brandi avoir été le confident de Tshisekedi pendant 36 ans, serait celui qui pourrait l’enterrer dignement en RDC.

Tshibala a-t-il peur lui aussi ? Il est vrai qu’un adage dit : « Un lion ou un serpent mort fait toujours peur. » Pourtant, le lion mort fait peur quand on ne l’a pas encore enterré. Pourquoi ne pas enterrer Tshisekedi et en finir ? Je sais : on a peur de lui faire un mausolée à Kinshasa.  Le site risque de devenir un lieu de pèlerinage pour les anti-régime.

Bref, en exil, il n’y a pas que Moïse Katumbi et les autres. Il y a aussi le corps de Mobutu et celui d’Étienne Tshisekedi. Paix à leurs âmes.

 


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Les commentaires récents (1)

  1. Bonjour. Je suis d accord du rapatriement du corps de tshitshi. Mais apparemment, ce n est pas aussi le soucis de son fils. Son épouse aussi. Continuer à mener cette vie à l etranger les arrange. Pourquoi ne pas laisser au gré du gouvernement ramener le corps et l enterrer comme exigé. Et alors, des qu il y a un gvt responsable, le faire dignement. Son fils ne peut il pas tailler son schemas politique que d utiliser facilement le nom de son pere.
    Dans ce pays il nous faut des Homo novus pour diriger la république. C est à dire sans trace des parents dans la gestion politique du pays.